Derrida compare les positions de Hegel et Marx par rapport à la préface. Hegel, en principe, disqualifie la préface, car c'est dans le texte et seulement dans le texte que la dialectique devrait développer les concepts et le sens - et pourtant il ne cesse d'écrire des introductions et des préfaces, car les lecteurs ne sont pas (ou pas encore) prêts à accueillir le pur déploiement du concept. Pour Marx, elle doit exhiber la partie non anticipable du développement : les notes, révisions, remaniements qui ont été utilisés pour rédiger le texte, les éléments hétérogènes qui ont conduit à sa transformation. Dans les deux cas, les préfaces sont le résultat d'une requête extérieure, celle de l'écriture. Elles sont le lieu d'une dissémination. C'est justement pour cette raison qu'on tend à les abandonner aujourd'hui. Le texte et la préface ne se distinguent pas. Ils sont tous deux doubles, ils se greffent l'un sur l'autre. La mise en marche du texte ne se présente plus hors du texte, mais dedans.