Supposons un auteur, absent ou mort, qui laisse un écrit factuel, simple et compréhensible. Par exemple : Ce jour J, je pars en voyage. Jacques Derrida qualifie cet écrit de marque. Je lis cette marque, je la comprends. Ce jourt-là, il est parti en voyage. Selon John Searle, le fait que l'auteur soit mort ou absent n'a pas d'importance. Je comprends le texte de la même façon que s'il était présent. Derrida conteste ce point. Entre ce que l'auteur a voulu dire en conscience (ses intentions) et ce que je comprends de cette phrase, s'est creusé un abîme infranchissable, irréductible. C'est la même marque qui est répétée, mais elle n'est pas répétée à l'identique. L'écart ne tient pas à un accident, il est structurel. La compréhension du lecteur est toujours contaminée, parasitée par un autre contexte. La simple possibilité de répéter une autre fois la "même" marque en fait autre chose. Elle est entamée, divisée, expropriée. Par structure, le code ou la loi que constitue la répétition est transgressé.

Cela vaut pour tout acte de parole, pour tout type de marque. On ne peut jamais accéder à l'intention originaire, dans sa plénitude idéale.