Les humains sont égoïstes, mais ils ne sont pas jaloux de ce qui arrivera dans l'avenir. C'est dans le temps de leur vie à eux qu'ils sont affectés par l'idée du bonheur. Ils espèrent que le salut viendra de cet air qu'ils respirent, des voix de leurs amis, de la beauté des femmes qui autour d'eux pourraient les combler. Mais ce présent n'est-il pas hanté par ceux qui ont respiré avant eux? Les voix actuelles ne sont-elles pas l'écho de celles qui les ont précédés sur terre, et la beauté des femmes, elle aussi, ne ressemble-t-elle pas à celle des femmes d'un autre âge?

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Comment articuler cet argumentaire de Walter Benjamin avec ce qu'il dit dans la même Thèse II du salut (tiqoun), de la rédemption et du messianisme - c'est-à-dire de l'avenir? Il semble y avoir un saut, un raccourci. Quand j'étudie le passé, que je sois historien ou n'importe qui, j'en reçois quelque chose, un indice secret, une image, un faible souffle, qui se transforme en impératif, en injonction. Mais à quoi? Agir? Transmettre? Interpréter? Lire? Conduire vers un langage pur ou un art prophétique? Benjamin ne le précise pas. Ce qu'il affirme avec force, c'est que nul ne peut passer à côté de cette injonction. Ne sommes nous pas les héritiers de toutes les voix singulières avec lesquelles nous choisissons de nous expliquer?