Moïse se présente à Pharaon au nom de son Dieu, Yhvh. Pour lui, le tétragramme est libérateur, c'est une force transcendante qui intervient dans la nature et dans l'histoire pour libérer le peuple. L'histoire de cette libération (la sortie d'Egypte), qui est racontée chaque année lors de la Pâque juive (le Seder), est la preuve que ce qui doit être (l'ordre, le commandement, l'obligation - la mitsva), dépasse ce qui est.

Pharaon, tyran politique, méprise Yhvh. S'il écoutait sa parole libératrice, il devrait se remettre en question. Il devrait faire l'expérience d'une voix qui vient d'ailleurs et qu'il n'attendait pas. Mais cela lui est impossible, car il personnifie les forces de la nature. La difficile liberté humaine lui est aussi étrangère que Moïse. Il a besoin de ses esclaves pour produire et reproduire son autorité et son système.

La réussite des Hébreux montrera que tout pouvoir est relatif. Une force qui veut se fonder elle-même devient arbitraire, violente, impitoyable comme la mort. Ce qui est naturel est soumis à lui-même et ne peut être autre que lui-même. Il ne peut être libre, car la liberté survient d'un ailleurs, d'un lieu extérieur à ce qui est - qu'on l'appelle l'esprit ou autrement.