2022.
- Aftersun (Charlotte Wells).
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Nos lignées ont été sacrifiées. Quels que soient nos efforts, nous sommes et nous restons illégitimes, orphelins.
Pour que mon père me reconnaisse, je dois aller le chercher (pour cela tous les moyens sont bons, même magiques ou superstitieux). Il n'a, pas plus que la mère, de place prédéfinie. Mais cela ne retire rien à ma dette.
En l'absence de transmission, y a-t-il carence, et de qui?
Quel que soit le nom qu'on lui donne : tradition, parenté (paternelle ou maternelle, voire fraternelle), descendance, généalogie, famille, etc..., on se débarrasse difficilement de la question de la filiation. Nous sommes des héritiers forcés de nous expliquer avec quelques spectres et de justifier nos choix, surtout quand nous ne les contrôlons pas. Si j'ai un fils ou une fille, je ne dois pas les abandonner, je dois sauver notre relation pour me sauver moi-même, même si je vois dans leurs yeux ma propre mort.
Plus encore que de familles ou de généalogies, nous héritons de discours. Par eux, sous des formes travesties comme le logos, le père est présent; mais dès qu'un fils s'inscrit, le père se retire. C'est ainsi que nous vivons, entre la présence et le parricide.
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