400 ans après la naissance de Rembrandt, on veut le faire parler devant un micro. Sans doute Rembrandt n'aurait-il pas détesté ce genre de situation, mais il vivait à une autre époque, il n'a pas eu d'autre ressource que de peindre une centaine d'autoportraits - un ancêtre de Roman Opalka qui n'aurait pas disposé de la photographie.

Quelle différence y a-t-il entre ce tableau-là et un véritable autoportrait de Rembrandt? Ce dernier nous livre l'intimité du peintre, son intériorité, sa fragilité. Sa vérité se trouve quelque part derrière l'image et ne s'explicite jamais. Dans Interview (faux autoportrait), Rembrandt ne se demande pas qui il est, mais se demande ce qu'il pourrait bien dire. C'est comme s'il nous interrogeait : "A quoi est-ce que je ressemble? Qu'est-ce que vous attendez de moi?" L'image n'est qu'une image (c'est-à-dire muette), mais elle est sur le point de succomber aux injonctions du siècle. Parlera-t-elle, cette image? Mais non, elle résiste. Le mutisme (involontaire) de Rembrandt traverse les siècles.