Parlant de son écriture et des affinités qu'elle peut entretenir avec le cinéma, Jacques Derrida explique que les deux s'inscrivent dans la même évolution technique. Les possibilités de montage se multiplient. On peut croiser, greffer, intercaler toutes sortes de séquences. Au cinéma, les machines sont de plus en plus fines, sensibles, et ce contexte n'est pas sans influence sur d'autres pratiques littéraires ou artistiques. Plus la technicité s'accroît, plus les recompositions sont possibles. Des techniques comme le couper-coller ou l'insertion de citations, pratiquées depuis toujours par les écrivains (car un écrivain est un monteur), peuvent s'appliquer à d'autres domaines, comme le cinéma. Inversement, l'Internet, les images de synthèse, la vision cinématographique ont un impact sur la littérature. L'effet de sens peut être transformé par la mise en scène, la composition. On s'habitue à la déconstruction, on la sollicite, on la demande.