Cette dislocation porte aussi, chez Derrida, un autre nom : la clôture de la métaphysique. Ce n'est pas un événement à proprement parler, car un événement n'a lieu qu'une fois, alors que cette clôture ou rupture n'a ni lieu ni temps précis.

S'il y a rupture, c'est avec la mimesis. Mallarmé n'imite rien (sauf par simulacre). Quand son écriture redouble une marque, c'est d'un trait indécidable, comme quand on déplace une pièce dans un jeu. Ce qu'il redouble n'est pas présent et ne l'a jamais été. Aucune parole ne l'accompagne. Il n'obéit à aucun ordre verbal. Il inaugure, il entame une page blanche. Des Pierrot ou des Hamlet hantent son texte, avec leurs cortèges de crime, inceste et suicide, mais il lui est prescrit, comme au mime, de ne rien se laisser prescrire que son écriture. Il n'y a aucun référent, aucune interprétation. Mallarmé se maintient dans la structure du fantasme telle que la définit Platon : copie de copie, mais sans modèle. Le déplacement qu'il opère est à peine perceptible. C'est un simulacre de platonisme. L'imitant n'a pas d'imité, le signifiant n'a pas de signifié, le signe n'a pas de référent (en dernière instance).

Dans l'Orloeuvre, on a appelé cette structure événemant (avec un a) : c'est celle de la dissémination.