La question de la vérité en peinture est posée par Cézanne, qui n'y répond pas en discours, mais par les moyens spécifiques, non mimétiques, de son art. Pour lui l'objet exhibé, par exemple la pomme, a une valeur propre (non verbale). On n'y accède pas selon les règles symboliques en vigueur, mais par régression, à partir d'une perception ou d'une sensibilité dont l'iconologie ne rend pas compte.
Appartient-il au sémiologue de dire cette vérité? Il travaille dans le registre théorique. La peinture se présente à lui comme un domaine ou champ qui produit un sens spécifique. Il tient à ne pas dissocier ce champ des interrogations plus fondamentales portant sur la nécessité de l'art. On peut étudier la peinture comme système, mais il ne faut pas oublier qu'un élément n'est déclaré signe que par une interprétation. Il faut laisser au signe la possibilité de se disjoindre du système.
Si une sémiotique picturale est possible, elle se situe à un niveau de discours spécifique, celui où l'image est lisible dans son écart avec le visible.
La réduction de la peinture à un système reconduirait l'exigence de vérité qui se fait jour dans la pratique picturale à des déterminations idéologiques (par exemple le modèle optique de la vision (Brunelleschi), ou la dénotation au sens de Frege).
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