Derrida
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Perspective, énonciation, sujet                     Perspective, énonciation, sujet
Sources (*) :              
Louis Marin - "Détruire la peinture", Ed : Champs-Flammarion, 1997, p63

 

L'entrevue de Philippe IV et de Louis XIV dans l'”le des Faisans (Charles Le Brun, 1660) -

Le tableau d'histoire pose le sujet de l'énonciation comme absent (La Rencontre de Louis XIV et de Philippe IV, par Charles Le Brun, 1660)

   
   
   
                 
                       

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Ce tableau présente une particularité de construction perspective qui rappelle par certains aspects les Ménines de Velasquez (peintes trois ans plus tôt, en 1657). Sans doute n'est-ce pas un hasard si ce peintre est représenté par Le Brun derrière l'infante Marie-Thérèse. Mais reprenons le point sur lequel Louis Marin attire l'attention : la surface vitrée qui, au fond, ressemble à une fenêtre, est "en réalité" un miroir dans lequel se reflète une autre fenêtre ouverte, située du côté du spectateur. Le Brun a situé le point de fuite du tableau dans le coin inférieur gauche de ce miroir. En conséquence la fenêtre elle-même par où entre la lumière (la fenêtre réelle, pas celle dont on voit, au fond, l'image virtuelle), est invisible et se situe dans l'espace du spectateur, du côté du point de vue. Mais alors, direz-vous, on devrait voir le spectateur (ou le peintre) dans le miroir! Or tous deux sont invisibles, effacés. Le tableau, qui ne montre pas l'oeil du spectateur, rend visible son absence.

D'un autre côté, le tableau détermine optiquement et géométriquement la place du point de vue; mais d'un autre côté, il la dénie. Il s'agit, dit Louis Marin, de "la transposition iconique du "il" grammatical caractérisant le récit historique dans son texte".

Le rideau de la partie supérieure du tableau confirme cette analyse. Ces rideaux étaient effectivement utilisés dans l'étiquette diplomatique, et l'on sait qu'il y en avait un le jour de la cérémonie. Mais c'est aussi : une partie du cadre; un élément de clôture plastique et décoratif; un élément esthétique dans la symétrie de la scène; et un élément du code, dans la mesure où il se déploie comme un baldaquin solennel au-dessus des deux souverains. Pour le spectateur, ces différents aspects sont indécidables; il oscille lui-même entre les plans de l'énonciation et de l'énoncé. L'énonciation n'est posée que pour être niée.

L'entrevue de Philippe IV et de Louis XIV dans l'île des Faisans, le 7 juin 1660 (une tapisserie sera tissée vers 1665-80 en prenant ce tableau de Charles Le Brun pour modèle).

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L'état de guerre entre la France et l'Espagne avait commencé en 1635, pendant la guerre de 30 ans (1618-1648), et s'était poursuivi durant la Fronde (1648-1653). Après trois années de négociation, les Bourbons et les Habsbourg avaient abouti à un accord complexe, le Traité des Pyrénées, signé le 7 novembre 1659 par le cardinal Mazarin et don Luis de Haro. Quelques mois plus tard, le 7 juin 1660, les deux souverains Louis XIV et Philippe IV se sont rencontrés en personne dans cette petite île sur la rivière Bidassoa. L'accord comprend des échanges de territoires, et prévoit aussi le mariage de Louis XIV, alors âgé de 21 ans, avec l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, que Le Brun a représentée derrière son père. Dans la Cour de Philippe IV se trouve également le peintre Velasquez. Le mariage aura lieu trois jours plus tard; l'infante y fera deux somptueux cadeaux à la France : la première orange et le chocolat.

 

 

- Hubert : Nous pourrions nous demander, nous spectateurs, qui raconte cette histoire, qui regarde cette scène.

- Elias : Personne. Elle n'est regardée que par un point de vue, un pur point de vue.

- Juscelino : Et les chroniqueurs, qu'est-ce que tu en fais? Après tout, Le Brun n'était qu'un illustrateur au service du roi, et le tableau a été fait à la gloire des souverains.

- Hubert : Oui certes, mais si tu ne considères que le dispositif du tableau lui-même, alors tu t'aperçois que le narrateur, comme le spectateur, est un sujet absent, un lieu vide.

- Ozzy : Peut-être. Mais le cinéma, aujourd'hui, fonctionne-t-il autrement? Ne cherche-t-il pas à effacer toute marque d'énonciation que laisserait par exemple l'auteur ou le réalisateur?

 


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