Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
La démocratie à venir, au - delà du politique                     La démocratie à venir, au - delà du politique
Sources (*) : Derrida, le politique               Derrida, le politique
Jacques Derrida - "Voyous - deux essais sur la raison", Ed : Galilée, 2003, p30

 

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Derrida, le pouvoir, le souverain

En tant que pouvoir de se donner à soi-même sa loi, la démocratie suppose un retour quasi-circulaire sur soi, un "Je peux", une ipséité

Derrida, le pouvoir, le souverain
   
   
   
Derrida, la loi, le droit Derrida, la loi, le droit
               
                       

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Qu'est-ce que la démocratie? Comment la définir? En mettant en avant le syntagme "démocratie à venir", Jacques Derrida semble avoir voulu éviter de la définir, comme s'il préférait la laisser indéterminée, ou comme si une démocratie "digne de ce nom" ne devait pas relever d'un savoir. En laissant en attente le sens du mot, il acceptait l'héritage venu des Grecs, il laissait ouverte la discussion, la délibération infinie, qui se poursuit sur l'agora ou dans l'hémicycle - jusqu'au temps d'arrêt de la décision, de l'acte souverain.

Mais il propose quand même un début de définition, autour de l'ipséité. Une démocratie ne suppose-t-elle pas un peuple, un "vivre ensemble", un rassemblement? Il faut, pour se donner à soi-même sa loi, un rassemblement souverain, une représentation de soi d'un ensemble supposé libre capable de dire "Je peux" - dans le prolongement des "droits de l'homme", où celui qui se reconnaît comme homme revient spéculairement sur lui-même, se donnant ses propres buts. "Par "ipséité", je sous-entends donc quelque "je peux" ou à tout le moins le pouvoir qui se donne à lui-même sa loi, sa force de loi, sa représentation de soi, le rassemblement souverain et réappropriant de soi dans la simultanéité de l'assemblage ou de l'assemblée, de l'être-ensemble, du "vivre ensemble" comme on dit aussi" écrit Derrida (p30). Et plus loin : "J'annonce aussi d'un mot, dès maintenant, que chaque fois que je dirai ipse, metipse ou "ipséité", me fondant à la fois sur le sens reçu en latin, dans le code philosophique, et sur l'étymologie, j'entendrai aussi bien le soi, le soi-même, l'être proprement soi-même, voire en personne (...), le "même" du soi (...) que le pouvoir, la puissance, la souveraineté" (p31).

 

 

L'ipséité nomme donc, en démocratie, le principe de souveraineté légitime, le droit accordé par l'autoposition comme "raison du plus fort". Il faut s'affirmer comme proprement soi-même, il faut revenir à soi, se totaliser dans l'instant, tourner autour d'un pivot, d'un essieu, d'un axe (soi-même comme zéro) pour affirmer son autorité. "La démocratie, ce serait ça, à savoir une force (kratos), une force déterminée en autorité souveraine (kurios ou kuros, pouvoir de décider, de trancher, de prévaloir, d'avoir raison-de et de donner force de loi, kuroô), donc le pouvoir et l'ipséité du peuple (demos). Cette souveraineté est une circularité, voire une sphéricité.

Dans De la démocratie en Amérique (1835), Tocqueville prend acte de cette identification circulaire. Le peuple est "la cause et la fin de toute chose; tout en sort et tout s'y absorbe". Il fait cependant observer que le peuple "règne sur le monde politique américain comme Dieu sur l'univers" - réintroduisant de l'hétérogène de l'hétéronomique, dans ce système.

 


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