"La littérature est une invention moderne", écrit Derrida, "elle s'inscrit dans des conventions et des institutions qui, pour n'en retenir que ce trait, lui assurent en principe le droit de tout dire" (Passions pp64-65). "Pas de démocratie sans littérature, pas de littérature sans démocratie". Démocratie et littérature sont indissociables, elles exigent toutes deux, inconditionnellement, de droit, "une certaine non-censure", le "droit illimité de poser toutes les questions, de suspecter tous les dogmatismes", la liberté d'opinion et de presse. Cette liberté absolue ne vaut pas dans tous les domaines, mais elle ne vaut pas non plus que pour la littérature. Une pratique où toutes les phrases (poétiques, fictionnelles ou autres) se détachent de leur source (l'auteur), où toutes les hypothèses sont permises, à l'infini, une telle pratique est pour Derrida exemplaire. Comme pour tout texte, ou trace, la source est effacée, secrète. Il faut cet effacement pour déclencher un renvoi sans limite à tout autre, à n'importe quelle autre chose. Sans l'irréductibilité du secret, la littérature ne pourrait pas jouer sur les passions.

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Pourquoi cette assertion ne vaudrait-elle que pour la littérature, et pas, par exemple, pour le cinéma?

Le dessous de cartes d'une partie de twist (Felicien Rops, 1883)