Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
On ne peut rien dire de Dieu, sauf le nom                     On ne peut rien dire de Dieu, sauf le nom
Sources (*) : Derrida, théologie négative               Derrida, théologie négative
Jacques Derrida - "Sauf le nom (Post-Scriptum)", Ed : Galilée, 1993, p53

 

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Un triple essai sur le nom

La théologie négative, cet idiome qui est aussi un langage, met à l'épreuve les limites constatives du langage; elle garde leur raréfaction, elle l'archive et l'institutionnalise

Un triple essai sur le nom
   
   
   
Derrida, le langage Derrida, le langage
Derrida, l'archive               Derrida, l'archive  
                       

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Comme son nom l'indique, la théologie négative est une théologie. Elle parle de ce qui est nommé Dieu, et dont on ne peut rien dire. Quand il en vient à la définir par une phrase, Jacques Derrida en parle comme d'un langage : "Ce qu'on appelle théologie négative dans un idiome de filiation gréco-latine, c'est un langage". Dans cet idiome gréco-latin, l'être de la théologie négative, ce serait d'être un langage. Il répète cette formule plusieurs fois (pp41, 42, 45, 53, 67, 68). Pour s'interroger sur quelque chose qui n'a pas de référent (Dieu), il faut parler, il faut un langage. Cela pose la question plus générale de la place de la référence dans le langage. Comment un langage pourrait-il constater ce qui n'a pas de référent? Tout ce qu'il peut faire, c'est affirmer, déclarer. Ainsi la théologie négative opère-t-elle par sentence. Elle consiste, dit Derrida, à se départir de toute consistance (p53). Penser l'essence du langage, c'est s'interroger sur son acte, sur ce dont la parole (speech act) peut ou non témoigner. Une théologie qui témoigne du rien peut-elle être quelque chose? Peut-elle être autre chose qu'un langage? Ou bien est-elle vouée, elle aussi, à n'être rien ou à être rien? Peut-elle échapper à l'auto-destruction? Pour explorer cette aporie, c'est tout un corpus qu'elle développe, toute une théologie qu'elle institutionnalise. Il lui faut un idiome qui interroge l'essence même du langage, l'excède et se porte en-dehors de lui. N'est-ce pas ce qu'il y a de plus impossible et aussi de plus contradictoire? Car cette culture qu'est la théologie négative, cette tradition, avec ses archives et son histoire, c'est elle qui, sous une forme toujours allégorique, voire poétique, met à l'épreuve avec le plus d'exigence les images, les figures, la rhétorique de la théologie, et aussi l'être lui-même.

 

 

Il s'agit donc d'écrire à la fois dans le langage et au bord du langage (p66), un bord instable et divisé, dont l'unité même est incertaine. La théologie négative est-elle vraiment un langage? On n'en a pas l'assurance, on ne peut pas fonder un consensus sur cette affirmation. D'une part, cette pensée prend acte de sa propre parole (il en reste toujours quelque chose, un corpus qui est de l'ordre du langage), mais d'autre part, c'est elle-même qui peut en faire douter : si Dieu n'est rien, alors elle non plus n'est rien, ou rien d'autre que la survie de son propre discours. En d'autres termes, elle n'est rien, sauf son nom. Or c'est cette expression, Sauf le nom, que Derrida a retenue, dans un second temps, comme titre de son livre, à la place de Post-Scriptum, qui était son premier titre.

 


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