Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'aporie                     Derrida, l'aporie
Sources (*) : Derrida, la mort               Derrida, la mort
Jacques Derrida - "Apories - Mourir, s'attendre aux "limites de la vérité"", Ed : Galilée, 1996, pp23-25

 

Arbre en fleurs (Frits van der Berghe, s.d.) -

"Je suis mort", "ma mort", signature de l'aporie

Dans la phrase "Je franchis le terme de la vie", il y va d'un certain pas, d'un "Je passe" (peraô) aporétique (aporia), d'un passage impossible (a-poros), sans pas

"Je suis mort", "ma mort", signature de l'aporie
   
   
   
Derrida, la marche, le pas Derrida, la marche, le pas
Derrida, l'impossible               Derrida, l'impossible  
                       

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En ajoutant au titre de ce texte, Apories le sous-titre Mourir, s'attendre aux "limites de la vérité" Jacques Derrida associe trois mots qui, a première vue, ont peu à voir l'un avec l'autre : aporie, mort, vérité. Il s'appuie sur une citation de Sénèque : "On est vigilant quand il s'agit de conserver son patrimoine, mais dès qu'il s'agit de perdre son temps, on est particulièrement prodigue du seul bien qu'on s'honorerait de garder jalousement" (p19). Puisqu'à chaque instant, la mort est imminente, le temps est le bien le plus précieux. Il ne faut pas différer ce qu'on peut faire immédiatement (la sagesse). "Vous vivez comme si vous alliez toujours vivre, jamais votre vulnérabilité ne vous effleure l'esprit, vous ne remarquez pas tout le temps qui est déjà écoulé; vous le perdez comme si vous pouviez en disposer à volonté, alors que ce jour même, dont vous faites cadeau à une personne ou à une activité, est peut-être votre dernier jour à vivre" (Sénèque, De la brièveté de la vie).

Puisque nul vivant ne peut dire : Je suis mort, le passage ultime pour un vivant, de la vie à la mort, est impossible. Aucune vérité ne peut en rendre compte. On peut soit le dénier, l'oublier, soit l'attendre, mais on ne peut pas l'inscrire dans la langue. En tant qu'événement ou passage, il est ininscriptible. Le point commun avec l'aporie, c'est que, dans les deux cas, on peut dire ceci : Il y va d'un certain pas. Le pas au-delà de la vie, comme le pas au-delà du sens, du discours, n'appartient ni à la vie, ni à la langue. C'est un au-delà sans franchissement possible, un "a-pas" (p50), un pas sans pas. Aucune vérité ne peut rendre compte de ce pas.

 

 

Entre poros (le chemin) et a-poros (aporie), Jacques Derrida joue sur les mots grecs. Peras, ce serait ausi la fin, le terme, l'extrêmité; peran, ce serait au-delà, de l'autre côté; peraô, ce serait je traverse, je passe au travers, je franchis; aporos est le difficile, l'impraticable, l'impossible, aporia le non-passage. Trépasser (comme l'a fait Sénèque par son suicide), c'est franchir la frontière de l'ultime, un franchissement dont nul ne peut témoigner.

Il y va d'un certain pas, c'est une phrase intraduisible. On peut par exemple la lire en entendant le "il" comme une personne, qui va quelque part; ou bien le "il" comme sujet impersonnel, engagé dans un passage; ou bien en entendant le "pas" comme une marque de la négation (ce qui n'est possible qu'en français).

Quand on décède (de-cedere en latin), il y va aussi d'un certain pas (p72) : c'est un passage, une marche hors de la vie.

 


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