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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le rien, khôra                     Derrida, le rien, khôra
Sources (*) : Derrida, le don               Derrida, le don
Jacques Derrida - "Khôra", Ed : Galilée, 1993, p29, pp62-63

 

Chaga - Pas en avant -

Et il faut préférer l'incalculable, l'anéconomique

Khôra ne se laisse pas concevoir à travers les schèmes anthropomorphiques du recevoir et du donner : elle laisse entrevoir la place (irremplaçable) d'un au-delà de la dette

Et il faut préférer l'incalculable, l'anéconomique
   
   
   
Un triple essai sur le nom Un triple essai sur le nom
               
                       

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Dans la langue courante grecque, le mot khôra peut être traduit par lieu, place, emplacement, région, contrée. Mais les traducteurs du texte de Platon, le Timée, ont estimé que ces traductions littérales ne convenaient pas. Ils ont fait appel à des figures ou des métaphores : mère, nourrice, réceptacle, porte-empreinte. Selon Derrida, ces comparaisons sont elles aussi inadéquates, anachroniques. On ne peut pas trouver de mot juste pour khôra, qui est toujours autre chose que ces images. Les interprétations traditionnelles présupposent son unité, son organisation selon un ordre. Or elle n'est pas quelque chose, elle est sans forme, sans être, comme rien. Elle ne possède en propre aucune détermination. En voulant la déterminer, lui donner un nom, on la réduit à un étant connu, reçu par le discours. Khôra ne se laisse ni atteindre ni toucher, elle ne donne ni ne reçoit rien. Elle n'est ni un sujet, ni un support, ni un subjectile. Sa virginité n'est pas anthropomorphique. Elle s'annonce, se déclare, mais ne se conçoit pas. Il est possible de la nommer par ce mot, khôra, mais n'ayant pas de référent, elle n'est pas nommable : elle arrive comme le nom (en-dehors de toute généalogie, étymologie, histoire du mot). Ce nom-là a été donné à ce qui l'appelle, il donne lieu sans sujet donateur. Il ne légitime aucune dette, aucun devoir. Il se situe en-deçà ou au-delà de la dette (p63).

Chaga (Pas en avant, Marc Chagall, 1918).

 

 

S'il y a, dans le Timée, un réceptacle, c'est Socrate (p61). C'est lui qui, dans le récit ou la mise en scène de Platon, s'institue en destinataire, accueille le don d'une hospitalité. Mais il faut pour cela qu'il s'efface, qu'il "efface en lui tous les types, tous les genres" (p60), qu'il se retire devant les hommes de parole auxquels il s'adresse. Il est disposé à tout recevoir (les discours, la dette), il est prêt à l'échange, mais dès qu'il est question de khôra, alors ce qui a lieu n'est plus un échange. En s'effaçant [tout en répondant à son nom], Socrate peut prendre "la place même, l'irremplaçable place" (p63) [il peut prendre cette place introuvable, mais sans l'occuper]. "Et comme il n'est pas sûr que Socrate lui-même, celui-ci, soit quelqu'un ou quelque chose, le jeu des noms propres devient plus abyssal que jamais : qu'est-ce que le lieu? A quoi et à qui donne-t-il lieu? Qu'est-ce qui a lieu sous ces noms? Qui es-tu, Khôra?" (Jacques Derrida, Khôra, p63).

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Alors que, en histoire chrétienne, la théologie négative appelle toujours un "es gibt", un donner, khôra ne donne rien. Son Il y a n'est pas l'équivalent d'un Es gibt.

 


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