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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
"Die Welt ist fort", Celan - Derrida 2002 | "Die Welt ist fort", Celan - Derrida 2002 | ||||||||||||||||
Sources (*) : | "Mourir vivant", un fantasme et plus | "Mourir vivant", un fantasme et plus | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, p193 - - |
Toute oeuvre est une mise en oeuvre | "Mourir vivant", c'est le fantasme de Robinson Crusoé comme personnage et c'est aussi une puissance à l'oeuvre dans un livre, survivance d'une alliance entre mort et vif |
Toute oeuvre est une mise en oeuvre | ||||||||||||||
Sur l'"otobiographie", néologisme derridien | Sur l'"otobiographie", néologisme derridien | ||||||||||||||||
Derrida, fantasme, conjuration, exorcisme | Derrida, fantasme, conjuration, exorcisme | ||||||||||||||||
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Dans le récit de Daniel Defoe, Robinson Crusoé finit par revenir chez lui, en Angleterre. Telle est l'histoire, effectivement, et pourtant Derrida soutient que l'essentiel du livre, son contenu latent, virtuel, c'est que la terreur de Robinson devant le risque d'être enterré vivant (à cause du tremblement de terre) ou avalé tout vif (par les cannibales) est l'essentiel, l'essence du livre. C'est en tous cas ce que lui (Derrida) en retire, pour les besoins de son séminaire. Le fantasme de Robinson, qui ne lui arrive pas, ce serait de mourir vivant. C'est écrit au conditionnel, ce n'est qu'un fantasme, une hallucination, une angoisse, et pourtant, selon Derrida, c'est l'essentiel. La représentation consciente compte peu par rapport au désir. Il y aurait eu chez Robinson Crusoé une force d'auto-destruction compulsive, absolument originaire, qui serait le "noyau noématique" du livre. Cette force exigerait qu'il meure, mais vivant - même si dans la conclusion du récit il rentre sain et sauf à la maison, en Angleterre. Car il s'agit bien, dans les propos de Derrida, du livre. Pour étayer son interprétation, il en appelle à cet autre Robinson Crusoé qui n'est qu'un récit, une fiction, le titre d'un grand livre de la littérature anglaise, un récit autobiographique qui est commenté jusqu'à nos jours. Comme tout livre (ou œuvre), il est abandonné par son auteur, il est mort. Mais en tant qu'il est lu aujourd'hui, sa toute-puissance est toujours effective, il est vivant. Ce qui arrive avec le livre, c'est un pas au-delà de l'opposition entre vie et mort, fiction et fantasme. Le livre est mort et vif, ni mort ni vif (comme le Walten de Heidegger), il est une alliance du mort et du vivant qui survit par ses réimpressions, ses traductions, ses illustrations, ses filmographies (p193). Cette survie d'un écrit est comparée par Derrida à une machination, un tour de roue qui ressemble à la roue inventée par Robinson. La prière de Robinson en appelle à un au-delà, comme le livre. On ne peut la penser en opposant la vie et la mort, mais seulement par un au-delà de la vie sans suprématie ni souveraineté, où c'est l'autre qui fait de moi sa chose. Le livre est comme un cadavre abandonné, sans défense, qui commence par un "ça survit" (p194). Enterré dans une bibliothèque, il ressuscite à chaque lecture, "chaque fois qu'une intentionnalité le vise", une survivance qui est à l'œuvre dès le premier souffle, la première trace. En ce lieu (un fond sans fond dit Derrida), une quasi-transcendantalité est à l'œuvre dans l'héritage laissé par le livre. |
A propos de ce qui arrive à Robinson, l'expression à l'œuvre est employée dès la page 131 : "Robinson est souvent saisi par le sentiment qu'une puissance auto-destructrice est machinalement, automatiquement, toute seule, à l'œuvre en lui". C'est encore cette expression qui est utilisée p195 "Cette survivance est entamée dès la première trace qui est supposée engendrer l'écriture d'un livre. Dès le premier souffle, cette archive comme survivance est à l'œuvre". Quelque chose est à l'œuvre qui engage et dépasse Robinson, et ce quelque chose a rapport à ce que Derrida appelle le mourir vivant. Dans la séance suivante, le rapport entre "oeuvre" et "mourir vivant" est souligné : "Mais avant d'enchaîner, avant de quitter Freud, je ne résisterai pas, au nom de la survie et des restes, au nom de ce qui se produit après "our lifetime", de Robinson Crusoe, de Defoe, etc., de tout ce que nous avons dit à ce sujet, la dernière fois, des livres et des œuvres mort-vivantes, je ne résisterai donc pas au désir de lire avec vous le seul passage, fort significatif, dans lequel, à ma connaissance, Freud se compare lui-même, à son tour, comme Rousseau, à Robinson Crusoé auquel on ne rendrait justice qu'après sa mort, et le devenir enterré-vivant de son œuvre" (pp229-230). [Suit un passage de Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique (1913-14) où Freud revient sur ses premières années solitaires]. Quelques jours après la mort de Blanchot, Derrida sélectionne ce passage de L'écriture du désastre (p112 de l'éd. Gallimard 1980) : "ll reste que si la mort, le meurtre, le suicide sont mis à l'œuvre et que si la mort s'amortit elle-même en devenant puissance impuissante, plus tard négativité, il y a, à chaque fois qu'on avance à l'aide de la mort possible, la nécessité de ne pas passer outre à la mort sans phrases, la mort sans nom, hors concept, l'impossibilité même". Et Derrida ajoute : "je souligne mis à l'œuvre, il s'agit de savoir comment ces morts peuvent faire œuvre, s'écrire, se mettre à l'œuvre" (p258). C'est Derrida qui insiste sur le mot œuvre, en tant qu'elle est quelque chose "dont est tissé, de part en part, le tissu de l'expérience vivante" (p195), plus qu'une œuvre au sens classique, donc, une œuvrance. Il faut faire œuvre, dit-il, c'est le lieu même de l'alliance (performative) du mourir et du vivant - le lieu où le fantasme terrifiant de Robinson Crusoé se transforme en nouvelle alliance entre vie et mort [qui rappelle ce que, 20 ans plus tôt, Derrida avait nommé otobiographie]. "Cette puissance de la toute-puissance appartient à un au-delà de l'opposition entre être ou ne pas être, vie et mort, réalité et fiction ou virtualité fantasmatique" écrit-il (p193). |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida SceneDer DM.LML MourirVivantOG.LED MiseEnOeuvreJM.LKJ OtoBioHM.LKJ ProConjurationCF.LDF UMourirVivant Rang = QRobinsonOeuvreLivreGenre = MR - CIT |
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