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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
"Mourir vivant", un fantasme et plus | "Mourir vivant", un fantasme et plus | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, le pouvoir, le souverain | Derrida, le pouvoir, le souverain | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, p124 - |
Derrida, le sujet, le moi | Pour échapper au terrible fantasme "mourir vivant", il faut un autre fantasme, le fantasme même : une souveraineté toute-puissante, inconditionnelle, circulaire |
Derrida, le sujet, le moi | ||||||||||||||
Derrida, le mal radical | Derrida, le mal radical | ||||||||||||||||
Le spectral de Derrida | Le spectral de Derrida | ||||||||||||||||
Derrida, fantasme, conjuration, exorcisme | Derrida, fantasme, conjuration, exorcisme | ||||||||||||||||
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La peur "fondamentale", "fondatrice" de Robinson Crusoé, son "grand phantasme, le phantasme fondamental ou phantasme du fondamental" (Derrida, p122), c'est qu'"il ne pense qu'à être mangé par l'autre, il y pense comme à une menace, mais avec une telle compulsion qu'on se demande si la menace n'est pas aussi caressée comme une promesse, et donc un désir" (Sem2002 pp122-123). Pourquoi cette étrange terreur, ce singulier désir d'être englouti vivant (après un tremblement de terre) ou enterré vif (par des sauvages) est-il fondamental (c'est le mot de Derrida) ? Robinson est solitaire, mais il y a plusieurs façons d'être seul : dans le monde, hors monde ou sans monde. C'est cette dernière modalité, où le monde serait perdu, détruit, qui terrorise Robinson. Sans lien social, sans culture, sans langage, sans prochain, ce serait être déjà mort, mourir vivant. Dans le ventre profond de la terre, du vivant, de l'animal vivant, il n'y a aucun secours, aucune adresse possible. Tout ce qu'on peut faire, c'est crier, d'un cri automatique, irrépressible, machinal, incontrôlable. Pour sortir de cette solitude-là, il faut restituer un monde, mais quel monde ? Robinson fabrique un objet, une roue, le lieu d'une rotation, une répétition, une itérabilité. On peut se protéger en transformant une répétition dangereuse en une répétition contrôlée. C'est ainsi qu'il se rassure. Il a l'espoir d'une maîtrise, d'une autonomie. Certes c'est un fantasme, une hallucination, Robinson s'en rend compte. Il est chrétien, réaliste, il veut se tenir à l'écart du fantômatique, du spectral (p200). Il suspend son jugement, il ne sait plus à quoi il doit croire ou ne pas croire, mais malgré ses dénégations, ses conjurations, "le phantasme est effectivement plus effectif, plus puissant, il est en effet plus puissant que ce qu'on lui oppose, disons, le bon sens et la réalité, la perception du réel, etc. La perception du réel a moins de pouvoir que cette quasi-hallucination" (p201). |
Robinson Crusoé au moment où il commence à lire la bible, dans le film de Bunuel (1954).
La force du premier fantasme (mourir vivant comme mal radical, terrorisant) se transfère sur un autre phantasme : imposer le même à l'autre, rapprocher le proche et le lointain. C'est le fantasme de souveraineté, qui fait croire qu'avec la maîtrise du cycle, la possession d'une technique, la fabrication et l'utilisation d'une machine, un monde se met en place. C'est un transfert désirable pour Robinson. Il prie pour cela. Alors qu'il s'était éloigné de la religion, il redécouvre la prière comme si elle lui arrivait pour la première fois. La prière est légitime puisqu'elle protège du sans monde - mais cette immunité se fait au prix d'un retour, sous une autre forme, de la fonction machinique. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida MourirVivant DF.LDF ProSouverainCM.TKL DerridaSujetIM.LIM DerridaMalRadicalJP.LKO DerridaSpectreGU.MLO ProConjurationCG.LKJ URobinsonSouverain Rang = QRobinsonEthicoPolGenre = MH - NP |
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