Derrida se moque de Heidegger (pp332-336) qui semble avoir découvert, quelques années plus tard, une erreur dans Sein und Zeit : partir de l'énoncé vrai pour repérer les erreurs. Aller du vrai au faux est un geste classique que, désormais, il regrette. Heidegger avoue cette erreur, cette faute, ce faux pas, sans l'avouer. Mais pour le Dasein humain, comme il le dit par ailleurs dans le même Sein und Zeit, "la non-vérité ne survient pas comme un accident, après coup, à une vérité plus originaire" (Derrida p336), non, la possibilité de la véracité comme du dévoilement est attachée au retrait, à la dissimulation, comme l'indique le caractère privatif de l'a-lêtheia (p337).

L'un des enjeux de cette discussion concerne l'opposition entre l'animal et l'humain, dans les textes de Heidegger et aussi dans ceux de Lacan. Ceux-ci supposent que si l'animal est incapable de feinte, de tromperie, il est aussi incapable de vérité, c'est-à-dire de parole, de discours. Mais cela suppose que la non-vérité soit originellement distincte de la vérité, comme le pouvoir du non-pouvoir. Mais les deux sont indissociables, co-originaires.

Imagens do Silêncio (Luiz Rosemberg Filho, 1973).