Quand il rédige cette conclusion à son Introduction à l'Origine de la Géométrie de Husserl, Jacques Derrida n'a que 33 ans. Le mot différance, avec son orthographe spécifique ou le (a) remplace le (e), n'y figure pas encore mais on peut quand même l'y trouver sous la forme de cet absolu originaire qui, sans relâche, se diffère. La présence de l'absolu originaire, est-ce cela qu'il cherchait à cette époque et auquel il n'aura jamais renoncé [quoiqu'il en ait dit]? Une origine qui, dès le départ, ne cesse de fuir, qui n'existe que dans l'impossibilité et l'impuissance, mais une origine qui ne peut être qu'une et absolument absolue. Elle s'annonce, mais elle se retient. Elle se maintient comme différence (avec une majuscule), mais dans l'infinité. Sur elle repose la transcendance. Elle est toujours à-venir - gage d'un apprentissage et d'un travail illimités.

Si une conscience pure et originaire venait à la lumière, ce ne pourrait être que dans l'étrangeté, l'altérité, l'énigme.