La soixantaine bien conservée, mince, tonique, ouvert au monde et plutôt bavard, il passe ses journées dans sa librairie. Aux heures d'ouverture, on le voit marcher entre les rayons, agiter sa barbichette pointue devant l'ordinateur - et quant aux heures de fermeture, c'est un autre sujet.
(Jacques) : Ils croient me définir de cette façon-là, libraire, comme si j'avais toujours eu cette boutique. Mais je n'ai pas fait que ça, avant de divorcer j'ai bien dû nourrir ma petite famille, et ce qui m'a frappé, ce qui m'a conduit d'abord vers Bendito et ensuite à m'intéresser à cette question de la dissémination, c'est que quand j'ai tenu ce magasin où l'on vendait des téléviseurs et toutes sortes de machines, je demandais aux gens à quoi ça leur servait, pourquoi ils avaient besoin de ce type de machine, j'avais toujours des réponses banales ou dilatoires. Il en fallait toujours plus, mais ce qui comptait vraiment, c'était au-delà du plus.
Non seulement il fait partie du groupe très restreint qui, avec Bendito, a initié les réunions dans le loft, mais c'est lui qui a trouvé ce nom bizarre, Cercle de l'Ellipse, qui a fini par tomber en désuétude. Le plus elliptique des cercles, selon lui, c'est celui qui se trouve aux alentours du bas-ventre.
On a reproché à Jacques de s'être approprié la Librairie-Sémantique. Mais après tout plus personne ne s'y intéressait, elle allait à vau l'eau. Il a rattrapé ce qui pouvait l'être.
|