Derrida
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Stéphane Eladdus                     Stéphane Eladdus
Sources (*) : Le lieu de l'Orloeuvre               Le lieu de l'Orloeuvre
Stéphane Eladdus - "Un monde sans mère", Ed : Galgal, 2007, Page créée par le scripteur le 25 mai 2000

 

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[Stéphane Eladdus]

   
   
   
                 
                       

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(Stéphane) Et un jour, comme ça, sans préparation, je me suis trouvé prof de français. Il fallait bien que je dise quelque chose aux élèves, n'est-ce pas? Et comme je préfère la littérature à la grammaire, il m'est venu à l'esprit que je pouvais commencer par une histoire personnelle. Sur ce plan, je n'avais rien préparé, j'ai dû improviser, et alors il s'est passé ce qui se passe toujours dans ces cas-là : c'est votre propre histoire qui vous revient en mémoire. Avoir perdu sa mère à l'âge de 17 ans et avoir entendu, juste avant son décès, quelques recommandations de sa part (elle était à l'hopital mais c'était quand même, comme on dit, son lit de mort), il me semble que c'est devenu rare, en tous cas sur le moment ça m'a paru intéressant. J'étais à peine plus vieux que ces garçons et filles qui m'écoutaient sagement, je supposais probablement qu'ils allaient s'identifier à moi, ou peut-être simplement j'avais besoin d'en parler. En tous cas c'est comme ça que j'ai ouvert le cours, en parlant de la mort de ma mère.

- Tavleen : Etonnant que cet événement central de sa vie, qu'il n'avait jamais raconté à personne, pas même à ses copains Dick, John ou Léo, pas même à sa copine Sophie (à laquelle, pourtant, il raconte presque tout), étonnant qu'il ait éprouvé le besoin de le rapporter précisément à ses élèves, et à personne d'autre.

(Stéphane) Mais quand même, je leur ai menti. En réalité cette discussion s'est très mal passée. J'ai refusé tout net ce qu'elle me demandait, je ne suis pas resté plus de quelques minutes et je suis parti. C'est une scène qui reste ancrée dans ma tête, qui m'obsède. Il me semble que tout ce que j'ai fait depuis, sans exception, y compris ma relation avec Bertille, est fait pour rattraper cette espèce de faute originelle. Parfois j'y arrive et parfois non. Avec Amarante par exemple, j'ai répété l'histoire au lieu de la réparer, et l'échec a été total.

- Tavleen : A mon avis, Stéphane a encore rejoué la même histoire dans l'affaire de la Loge chibylline... sans en avoir aucune idée.

- Jacques : Pour compenser ce rejet, il a fallu que Stéphane invente une manière d'hériter - et c'est ce qu'il a fait, dans ses interprétations de l'art.

 

 

 

 

Propositions (les têtes de parcours sont entre crochets)

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[L'avant-garde rejette toutes les conventions et traditions qui contrecarrent son propre mouvement]

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[L'art contemporain, terrain de jeu de la dissémination]

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[En se dissociant et se contaminant l'un l'autre, le mot et l'image propagent la dissémination]

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[Si l'art moderne, en son temps, et l'art post-moderne aujourd'hui, ont tant indigné leurs contemporains, c'est parce qu'ils se sentaient menacés de dissémination]

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[Les points de fuite de l'espace de dissémination sont des points d'angoisse]

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[Chaque pomme de Cézanne vient en plus, toute autre, comme un objet supplémentaire qui se dissémine]

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Le séminal se dissémine sans avoir jamais été lui-même, à perte et à mort; n'ayant aucun sens, il diffère de la polysémie

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On peut considérer la préface d'un livre selon le chiasme : rester comme différance séminale / se laisser réapproprier dans la sublimité du père

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Arshile Gorky déploie, dans sa peinture et dans sa vie, la robe-tablier de sa mère

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Aujourd'hui la préface semble désuète, archaïque, académique, car l'écriture disqualifie la rhétorique et le formalisme

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Ce qui est commun à l'écriture et à la peinture, c'est que devant le tribunal du logos, elles se révèlent impuissantes à répondre aux questions

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Il n'y a plus de place pour la mère

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Khôra est le lieu où commence la dissémination

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Un monde sans mère (Stéphane Eladdus, 2007) [UMSM]

 


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