Nikita a d'abord fait le choix de la délinquance. Ce n'était pas une fatalité. Le milieu dans lequel elle est née n'était ni pauvre, ni inculte, ni dépourvu d'amour (pas plus que celui de Calixthe, sa complice d'alors). Elle a fait ce choix parce qu'elle le devait. Elle a été paumée, droguée, serveuse, danseuse, vendeuse, tout ce qu'on voudra. C'est sa rencontre avec Pascual Pariselli qui l'a conduite vers le Cercle. Ce rapprochement, elle l'a vécu dans la douleur, et leur dernier acte, leur acte spectaculaire, n'est pas sans rapport avec cette douleur, tentative de concilier ce qui restait de sa vie antérieure avec la découverte de l'informe, venu tardivement remplacer ce qu'elle allait quitter.
L'attrait pour l'art lui est venu par le chant. Elle a commencé par le karaoké dans des arrières-salles, sans peur du ridicule et même avec une certaine jubilation. C'était pour elle un plaisir, pas un déchéance. Elle jetait ce qui lui paraissait médiocre. Ce qu'on peut appeler ses dons a émergé après ça. Il lui fallait tout un rituel pour franchir ce qu'elle appelait le passage. Sans cet exutoire chanté, les dons seraient peut-être à jamais restés enfouis. Sans le chant, elle ne se serait jamais intéressée à la diction, à la parole, à ce que certains appellent le théatre mais qui, pour elle, est tout à fait autre chose. Elle n'aurait pas connu Tjara.
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