(Ruth) Sabra je suis, née en Israël de parents israëliens. Mais les sabras exilés sont-ils encore des sabras? Qu'est-ce qu'un sabra qui vit à l'étranger? Qu'est-ce qu'un sabra assez lâche pour ne plus porter le poids du pays, de ce pays, là-bas, qui est encore le mien?
- O. : Quand Ruth a voulu vivre avec ce séduisant jeune Français, ce n'était pas pour quitter le pays. Il était gai, insouciant, elle l'aimait; et quand elle a appris sa mort dans ce stupide accident de moto, sa première réaction a été de prendre le chemin du retour. Mais il y avait la détresse de ses beaux-parents, Eugène et Juliette, Elle ne pouvait pas les lâcher comme ça. Peu à peu, elle a pris le parti de rester. Elle a eu le sentiment inexplicatble et injustifiable que sa place était ici.
(Ruth) C'est sûr qu'à Kyriat Chmonah je n'aurais jamais rencontré ni Sergueï, ni un seul Orlovien. Les Israëliens aiment les choses pratiques. Pour eux, les discussions abstraites sont des pertes de temps.
- O. : Sergueï l'a prise sous son aile et lui a fait rencontrer Shararii. C'est un couple qui n'a pas duré longtemps, mais elle a gardé son nom et s'est émancipée.
(Ruth) Je me suis mise à vivre uniquement dans le Cercle. Il y avait Aristide, et aussi Aleth, Ouarda... la période la plus heureuse de ma vie. Je n'étais pas en exil.
- Laaqib : Shararii lui a quand même laissé un fils, Oved. Et si Ruth n'était restée en France que pour cette raison-là, virtuelle, enfanter Oved?
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