(Comme disait Laaqib citant Pessoa : "Le monde entier est confus, comme des voix perdues dans la nuit")

- M. : L'inavouable se réfugie dans l'indicible. Quant à l'indicible, son existence même est déniée au nom de la transparence. On ne pourrait pas mieux cacher les secrets de famille.

- H. : On croit que la société est devenue permissive, qu'il n'y a plus de point d'arrêt. On se trompe. L'interdit n'a pas disparu. Il est caché. Il est devenu honteux (ce n'est pas l'objet de l'interdit qui est honteux, c'est le fait qu'il y ait encore de l'interdit). Pourquoi? Parce qu'il porte sur un étrange aveu dont nous ne voulons pas savoir qu'il occupe le coeur de nos sociétés.

- B. : Tu connais la différence entre un secret et un mystère? Un mystère reste nécessairement caché, tandis qu'un secret peut être dit. Alors, quel est ce secret?

- H. : Dans l'histoire de Babel, Dieu sanctionne l'inconscience des humains qui voulaient construire une tour allant jusqu'au ciel. Il interdit toute possibilité de langue universelle. A présent, au-delà des langues, c'est tous les appareils symboliques qui sont entrés dans la confusion. Le brouillage est généralisé.