- Valentin : Tout ce que je peux vous dire, en tant que scripteur, c'est qu'une lignée est une suite ou une série de phrases, de pages, d'énoncés ou de propositions. Aller plus loin serait aventureux. D'où vient qu'on puisse les classer ainsi, par suite ou par séries? Allez savoir. On a pris l'habitude d'attacher à chacune de ces lignées une signature. Signature de qui? Ce n'est pas clair. Plutôt que de s'enfermer dans des choix de personnes, on a préféré inventer un mot, l'Orlovien. Un Orlovien est un signataire d'une ou de plusieurs lignées. Je reconnais qu'il y a là une sorte de cercle vicieux, mais c'est ainsi. Vous noterez qu'une des conséquences de ce mécanisme est qu'il y a toujours plus de lignées que de personnages. Quand je parle, par exemple de "la lignée de Bendito", je ne soutiens pas qu'elle est unique, je suppose simplement que la signature de Bendito est partagée par différentes pages liées entre elles, que nous appelons des ourlets - car leur ligature est toujours une ligature de bord. Ces ourlets peuvent fonctionner comme des fondements, plus ou moins articulés entre eux et repertoriés comme tels. Est-ce que ce sont les lignées qui dérivent des fondements ou l'inverse? Un fondement peut opérer comme un axiome, mais ce peut être aussi une définition, une proposition ou une simple scolie pour un autre ourlet. Tout dépend du point de vue, et rien ne t'empêche, si tu le désires, de te saisir d'une proposition qui fonctionnera pour toi comme axiome, c'est ton droit le plus strict. Mais ce droit, tu le reconnais aussi à autrui : ce qui permet à chacun de choisir d'éventuels et virtuels fondements, et à tous de les partager.