(Emilia : Je crois qu'ici, dans cette fonction, mon accent allemand est plutôt un avantage. Il me donne une sorte d'aura un peu mystérieuse, il laisse supposer une compétence, un poids de savoir, une dose raisonnable de sérieux et de légitimité dont je suis la seule à connaitre la fragilité).
- Ouzza : Bien qu'Albert et Arno, ses deux maris successifs, aient été des membres éminents du Cercle, Emilia y semble peu intégrée. Mais c'est une impression trompeuse. D'abord elle n'a jamais cessé de contribuer, par des apports quasi journaliers, à la progression de sa lignée; et ensuite elle y a conservé bien des connexions, à commencer par ses trois enfants Estelle, Ernest et Christelle, son copain Susuke et sa collègue Melissa qu'elle voit tous les jours.
- Jeannine : S'il y avait une psychanalyste au Cercle, une seule, ce serait elle.
(Emilia : Ils me prennent tous pour une psychanalyste, sans se rendre compte que je ne me suis jamais située qu'à ses marges. Je les lis tous, y compris les plus difficiles, mais ce que j'aime chez eux, c'est leur idiome. J'aime suivre la façon dont ces idiomes se croisent, cohabitent et viennent se mélanger, j'aime imaginer que leur tour de Babel à eux n'a jamais été détruite).
- Jeannine : Pendant sa lointaine jeunesse à Dresde, elle a d'abord étudié la littérature française. Elle s'est passionnée pour la French Theory; dont il lui reste de solides bases théoriques. Arrivée en France, elle y a approfondi ses connaissances en psychanalyse et obtenu un diplome de psycnologue. Elle reçoit maintenant des patients chez elle et dirige un centre de prévention-détection des maltraitances. Toutes les violences sont abordées : jeunes adolescents en dérive, femmes battues ou mauvaises pratiques institutionnelles. Melissa est son adjointe, et surtout son complément irremplaçable.
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