Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Le "Gal" hébraïque, expérience de l'exil                     Le "Gal" hébraïque, expérience de l'exil
Sources (*) : L'oeuvre, au lieu du Galgal               L'oeuvre, au lieu du Galgal
Pierre Delain - "Miqra, plus d'une lecture", Ed : Guilgal, 2016-2020, Page créée le 20 décembre 2001

 

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Le texte biblique, s'il survit, reste sacré

[Autour de la racine hébraïque GAL (גל) se joue l'expérience apocalyptique de l'exil et de l'emportement]

Le texte biblique, s'il survit, reste sacré
   
   
   
GL... dans "Glas" GL... dans "Glas"
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Le mot hébreu gal (גל) signifie vague, onde. On l'emploie pour les ondes sonores, les rayons de lumière, les vagues de chaleur, ou encore un tas, un monticule. Dans le verbe gala (גלה), on retrouve des idées associées à celles de faire tourner : révéler, trouver, découvrir, faire des confidences, dévoiler un secret, éventer la mèche, mettre à nu, s'animer, s'irriter. Entre ce qui est déjà dévoilé (galouï), et ce qui est encore caché (nistar) - le secret, ou les parties honteuses - c'est toujours cette racine qui est en jeu.

C'est aussi exiler, être expulsé, banni. Galout est l'exil.

Le redoublement de la racine donne galgal (גַּלְגַּל). Galgal est le monticule de pierre où Jacob a noué une double alliance : avec Laban (alliance terrestre, pour marquer une frontière avec l'autre) et avec Elohim (Dieu, le garant de cette alliance). Jacob nomme ce lieu Gal'ed (tas du témoin) - ou mont Galaad.

Guilgal (גלגל) est aussi le lieu où le prophète Elie est monté au ciel dans un tourbillon. On dit qu'Elie est la réincarnation - guilgoul (גלגול) - de Pin'has, et s'est lui-même réincarné à l'époque talmudique en 'Honi. Le mot signifie culbute, roulement, rotation, révolution, métamorphose, transformation, mutation.

Le galgal est aussi un cycle, une sphère qui peut, comme toutes les sphères, tourner autour d'un axe, sauf que selon la tradition mystique qui part du Livre de Daniel (7:9), dans son cas, l'axe est le néant. Pour cette raison peut-être, dans le langage courant, galgal peut signifier cercle vicieux.

Guilgal (הַגִּלְגָּל) est le lieu d'une autre alliance : celle où le premier roi d'Israël, Saülse rendait pour rencontrer Yhvh. La perte de ce lieu sera le signe de sa rupture.

De la même racine dérive le rouleau (meguila, מגילה) qu'on doit dérouler pour le lire, contrairement à un livre, ce qui demande de l'effort et du temps.

On dit aussi guél quand il s'agit du tsérouf (pratique de la cabale extatique, codifiée par Abraham Aboulafia, où l'on fait tourner les lettres).

En guematria, la valeur du mot "gal" est 33, ce dont on a tiré toutes sortes de conclusions, plus ou moins discutables. Le Christ, dit-on, avait 33 ans, lorsqu'il est mort sur le Golgotha.

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Il ne faut pas confondre cette racine avec un autre gala (גָּאלָה), qui comporte un aleph supplémentaire dans la racine et porte l'idée de sauver, délivrer, libérer, racheter. Geoula (גָּאולָה) est la rédemption. Dans le Livre de Ruth, un premier goel refuse d'épouser Ruth et est remplacé par un second goel, Boaz. Le goel est l'acheteur qui fait acte de charité ou de rédemption (geoula, le rachat) pour aider une veuve dans le besoin. On trouve 23 fois le mot goel dans ce rouleau.

 

 

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Propositions

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A une lettre près, la racine hébraïque "gal" signifie l'exil (galout) et la rédemption (gueoula)

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Le Livre de Ruth, où Booz est soit un lévir, soit un goel (sauveur), contient 23 fois les mots de la racine gala (גָּאלָה) (libération, rachat, rédemption, salut)

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Autour de la racine hébraïque "gal" s'est déployé un champ sémantique inouï

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"Apokalupsis" est le mot utilisé dans la Septante pour traduire des mots dérivés du verbe hébreu "gala" (exiler, révéler, découvrir, mettre à nu)

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Avec le "gala" hébraïque, comme avec l'"apokalupsis" grec, il y va du dévoilement d'un secret, du découvrement des parties honteuses

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Entre l'accueil d'une alliance et sa rupture, Galgal est un lieu, un seuil, un mouvement de rotation

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La Cabale apparaît avec la distinction du galouï (déjà dévoilé) et du nistar (encore caché)

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Le téli est un axe dans le néant et le galgal est la sphère du temps, comme il est dit : "La voix de ton tonnerre dans la sphère"

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Le Galgal est meguila (rouleau), et non pas sefer (livre) : il demande pour être ouvert de l'effort et du temps

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Le guél est la pratique mystique de la Cabale qui fait tourner (gal) la voix dans une sphère vibratoire

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Au mont Galaad, un monticule de pierre nommé Galgal témoigne d'une double alliance : entre Jacob et Laban, séparation pacifique; entre Israël et Dieu

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A chaque fois que Saül entre en rapport avec Yhvh, un lieu est désigné : Guilgal (ou Galgal, ou Ghilgal)

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Gal (guimel - lamed), composante du Galgal, a pour valeur 33, ce qui correspond à l'âge de la mort de Jésus, qui est mort sur le Golgotha

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L'exil d'Israël (galout) comprend trois éléments : éloignement de la terre, dispersion, perte de l'indépendance

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Dans Glas, Derrida focalise son analyse de Genet sur la syllabe GL, GAL : syllabe matricielle autour de laquelle résonne la musique du texte

Curieuse ressemblance entre ce mot "Galgal" biblique et le mot français "Galgal", issu du redoublement de l'ancien français "gal" (caillou). On retrouve cette racine (d'origine probablement gauloise) dans le mot "galet". "Galet" signifie caillou arrondi, pierre à feu et aussi "petite roue servant à faciliter la mobilité de certains objets" (TLF). (Un galgal (ou cairn) est un mégalithe du Néolithique. Les dolmens étaient recouverts soit d'une butte de terre soit d'un monticule de pierres. Quand ils ont conservé leur monticule de pierres jusqu'à nos jours, on les appelle « galgals » ou « cairns ». Si leur butte de terre est toujours là, ce sont des « tumulus ».

A noter que dans l'anglais populaire d'aujourd'hui, GALGAL signifie : "Give A Little Get A Little"

 


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