Lacan conteste la conception hegelienne du savoir absolu. Celui-ci tend vers la totalisation. Mais nous sommes loins de cet idéal! Entre les différents systèmes, il y a dispute persistante. Celle-ci n'est pas locale, mais générale : sur tous les thèmes et tous les sujets. Entre les références, il n'y a ni superposition ni conjonction, il y a béances, failles, déchirures. C'est pourquoi nous ne pouvons concevoir le discours humain comme unitaire. Toute émission de parole est toujours dans une nécessité interne d'erreur.

Le discord a un double destin :

- à mesure que le système se perfectionne, les choses se perturbent, se décomposent, se dissolvent sous sa pression,

- mais la visée moderne idéale reste la science, ce moment où la totalité du discours se ferme sur elle-même dans une non-contradiction supposée parfaite (le savoir absolu de Hegel). Nous aspirons à l'unicité du système symbolique.

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Cette discordance, présente dans toutes les sociétés, s'accentue aujourd'hui. C'est l'envers de la globalisation. Plus le monde s'unifie, plus les systèmes symboliques qui le constituent (religion, droit, science, politique, loisirs, famille) se complexifient et s'enferment dans leur propre logique. Il n'y a pas de lieu d'unification, l'individu encore moins que le reste. Nous devons apprendre à vivre dans cette discordance, sans rêver d'une totalité, même future, même messianique.