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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
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Le baiser se désire | Le baiser se désire | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Dick Mullison - "Ce qui se révèle quand ça arrive", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 22 octobre 1995 Vorba (Victor Brau ner, 1948) - |
Aucune voix ne se détache d'une relation fusionnelle |
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La représentation la plus simple dune fusion entre deux êtres est le baiser. Les langues, les salives, les sensations se mélangent dans la bouche, mais il est deux choses qui ne se mélangent pas (pour la simple raison quelles ne sont pas produites) : ce sont les voix des deux personnes qui sembrassent. Quand on embrasse, on ne parle pas, c'est fatal. Le baiser est incompatible avec la voix, cest aussi simple que ça. Il est des amoureux bienheureux, des amours beaux et parfaits qui comblent absolument le désir. Cest ce que semble vouloir représenter Giotto dans La rencontre de Joaquim et dAnne à la Porte Dorée (Fresques de Padoue, vers 1303-1305). Ce qui fonctionne pour le baiser fonctionne aussi pour ce quil est convenu dappeler lamour-passion. Quand lamour est fou (comme on dit) cest-à-dire certain, absolu, fusionnel, alors sa certitude est acquise pour lun comme pour lautre, pour laimé comme pour lamant. Il ny a rien à en dire. La voix ne sert plus à rien. Cest une sorte de baiser spirituel. Lobjet-lait, objet évanescent de lallaitement, est une métaphore de la voix. On peut dire de la succion du sein ce que jai dit du baiser : impossible de parler quand on suce. Le bébé ne parle pas, puisquil ne dispose pas (encore) du langage (bien quil entende parler, ce qui est une forme de mise à disposition). Sucer le sein est une anticipation du langage (à moins que ce ne soit linverse), ce qui veut dire que les deux activités sont concomitantes. Donc, dans lallaitement, il y a déjà de la voix. Un jet chaud et plaisant habite la bouche de linfans, et ce jet, noyé dans le langage, est réellement une voix. Il est remarquable que quand on représente le sein tout seul, sans enfant et presque sans femme, quand on regarde ce sein seul, organe ou objet sexuel, alors toute voix est impossible. Certes, on peut décrire ce sein, on peut le dédoubler par des mots, on peut le noyer dans des paroles creuses. Mais cest une fausse voix, car le seul rapport quon puisse avoir avec un sein, cest de le lécher ou de le sucer. Une telle suture de la voix intervient dans notre activité mentale la plus courante, consciente ou inconsciente : lactivité fantasmatique. Le sort de la voix dans le fantasme est peu différent de ce quil est dans le baiser. Le fantasme associe les pensées comme les langues dans une bouche : sans autre possibilité darticulation que laccollement. Limmense majorité des fantasmes est stéréotypée, et ceux qui ne le sont pas, les fantasmes primordiaux de chaque être, sont tellement enfouis dans linconscient quon ne les en extrait pour ainsi dire jamais. Tous les autres sont des phrases ou des clichés partagés par les personnes du même sexe dans une culture donnée. Ils sont sans voix. |
La pire situation quon pourrait imaginer dans la perspective du nourrissage absolu serait la satisfaction. Vorba, de Victor Brauner, montre la voix amoureuse dans sa dimension de clôture véritablement mortelle. Une telle voix empêche toute relation. Le rêve est la prison la plus dorée dans laquelle on enferme la voix. Ce nest pas quune prison, cest un véritable quartier de sécurité dont elle na aucune chance de sortir. Le rêve emprisonne radicalement la voix dans limage. Quand la suture est parfaite, le rêve tourne au cauchemar. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Dick VoixBaiser SE.FUS Uc.fusion Rang = NGenre = MJ - NA |
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