La différence sexuelle n'existe pas en tant que telle. Ce n'est pas un réel auquel on aurait accès de manière neutre ou asexuée. Elle s'institue dans un rapport à l'autre, par une apostrophe originelle, par un acte qui interrompt le silence. En disant "tu" ou "il", cet acte fait naître. Il provoque, convoque, appelle. Sois qui tu es, car je t'aime ainsi, J'aime qui tu es. Cette scène est une scène d'écriture, une performance, et aussi une scène de lecture où la différence est à la fois lue et lisante. Celui qui parle, lui-même sexué, s'adresse à un autre. S'il dit "il" ou "elle", c'est que lui aussi, il est "lui" ou "elle". En donnant l'ordre d'être, il fait la loi. Mais cet appel à l'être est aussi un rappel. S'il y a décision, création, production de la différence sexuelle, c'est parce qu'elle est déjà là, irréductiblement. C'est un acte de mémoire qui déchiffre autant qu'il l'inscrit, qui cite autant qu'il l'écrit.