Certains ont défendu l'idée que le Netoyen (citoyen de l'Internet) pourrait s'émanciper de tout contrôle territorial. Il pourrait créer des communautés de prise de parole qui ne coïncideraient avec aucun espace géographique. Les forces nouvelles et atypiques qui en résulteraient pourraient infléchir les politiques publiques.

Dans la pratique, même si de telles communautés existent, elles ne sont pas à l'origine d'une volonté politique unitaire. Elles sont vulnérables et connaissent de rapides et fréquents renversements de tendances. L'interconnexion électronique n'implique pas d'interconnexion sociale; elle reste volatile et facilement déconnectable. Il n'y a pas plus de cristallisation de ces groupes que d'une audience de presse, de radio et de télévision. Leur flux s'entrecroisent pour former une opinion publique faite de clameurs plus que de conscience réflexive.

Ces communautés ne dépassent pas le stade vocal. Ce sont des tourbillons discursifs, localisés mais mobiles, analogues à des foules. Ils ne réunissent pas des intérêts, mais expriment du différent, du discret, du singulier, du privé, sous une forme essentiellement verbale.