Paul Mathias s'appuie sur le concept de l'util développé par Heidegger (§15 et suivants de Etre et temps). Lorsque je fais usage d'un objet, cet usage est assujetti à ce pour quoi il est configuré. Par exemple : je fais usage de la poignée pour ouvrir la porte, je ne peux pas en faire un autre usage. C'est la chose qui règle l'usage que j'en fais. Il en est ainsi pour l'Internet. Nous sommes commis à accomplir des fonctions prédéfinies dans le cadre d'une culture de l'usabilité qui nous est imposée.

L'Internet n'est pas un espace d'invention et d'expansion de l'intentionalité cognitive, mais l'expression d'une civilisation de l'util dans laquelle nous sommes aliénés à nos propres usages, déterminés par l'outil (recherches, téléchargements, échanges d'information, etc...). Il y a un effet de dépropriation plus que d'appropriation. L'Internet se décline en termes d'usages, mais pas d'expériences. Il a une face obscure : le dysfonctionnement. Il génère des idéaux : production multiforme des discours, auto-publication ludique, interactivité, communicabilité universelle, qui se heurtent à son fonctionnement même, mélange de déterminabilité et de méta-chaos.