On ne peut comparer les deux décennies entre 1890 et 1914 qu'à la Renaissance florentine et au siècle de Périclès. Les noms de Mallarmé, Einstein, Freud, Schoenberg, Lénine, James, Conrad, Proust, Joyce, Frege, Russel, Hilbert, Wittgenstein, Picasso, Braque, Husserl, Poincaré, Pessoa, Méliès, Chaplin... donnent une idée des prodiges de cette brève période. L'esprit de la guerre de 14 et des années 30 est au contraire massif et violent : guerres mondiales, guerres coloniales, massacres de masse...

Le 20ème siècle est celui où la politique est devenue tragédie, disait Malraux. L'idée de créer un homme nouveau a circulé - il fallait que l'homme ancien soit détruit. Il y a dans ce projet de nouvelle fondation qui a parcouru le siècle une certaine continuité avec les ruptures scientifiques, artistiques, sexuelles qui ont marqué son commencement. Changer l'homme dans ce qu'il a de plus profond a été un projet révolutionnaire. C'est la science qui le réalise à présent - mais la science, elle, n'a pas de projet.