La vie pleinement présente, dont le retour messianique est annoncé et ardemment désiré, ce serait : le corps vivant, le travail, la pratique, le sensible, la matière, la valeur d'usage, la révolution, etc..., toutes ces choses supposées authentiques et indemnes de pollution par la technique ou par l'argent, par lesquelles on pourrait (enfin) défendre et protéger dans sa pureté l'essence générale de l'homme : le travail vivant. Nous n'ignorons pas aujourd'hui que cet idéal marxien était aussi une religion. Peut-on construire un avenir basé sur l'industrie et la victoire de la classe ouvrière, tout en prenant comme point de départ une condamnation morale, radicale, de tout artefact?

Faut-il renoncer à cet héritage? Pas nécessairement. On peut aussi ne pas le prendre tel quel, reconnaître que le propre de l'homme n'est qu'un spectre, le transformer.

Pour Jacques Derrida, la vie absolue (pleinement présente) est impossible. Sur ce point, il se dissocie de manière radicale de ce que dit Marx. Mais cela ne l'empêche pas de revendiquer la possibilité du choix. Il refuse cette partie-là de l'héritage marxien, mais il en accepte d'autres : messianisme (à condition de le dissocier d'une certaine eschatologie "émancipatoire"), fidélité, mais sélective (car nul n'est obligé d'accepter la totalité d'un héritage).

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Propositions

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