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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 2 août 2005

 

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CinéAnalyse : Tous orphelins, il faut faire avec

Vous n'y pouvez rien, vos fils vous sont étrangers, même s'ils sacrifient leur coeur pour vous (L'intrus, film de Claire Denis, 2004)

CinéAnalyse : Tous orphelins, il faut faire avec
   
   
   
                 
                       

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Que Louis se soit fait greffer un coeur, en quelque sorte, importe peu. Là n'est pas vraiment la question. Ce qui compte est ce qui se passe avant et après, c'est-à-dire, avant : un fils, et après : un fils. Quel fils? Où? Quand? Ce n'est pas très clair. Il y a celui qui habite près de lui avec lequel il n'arrive pas à rentrer en relation, et celui qui habite loin de lui (à Tahiti) qu'il a carrément perdu. Evidemment le fils qu'il préfère est celui qu'il a perdu (mieux vaut un fils fantasmé qu'un fils réel). Autour de lui quelques femmes. On se demande à quoi elles servent. Leur présence est irrégulière, plutôt rassurante et vaguement illicite. Dans ce film fait par une femme, la femme est spectatrice, voyeuse, elle n'agit qu'incidemment, pour rendre possible l'existence des autres.

Décidément, à notre époque, les fils se perdent facilement, et même si on essaie de reconstruire sa vie autour d'eux, ça ne marche pas à tous les coups, loin de là. Autant dire que ça ne marche jamais. Vous n'y pouvez rien, les fils vous échappent.

 

 

S'il y avait une clef du rapport au fils dans le film de Claire Denis, ce serait l'image finale : celle où l'on voit le fils mort, la poitrine ouverte, ayant donné son coeur à son père. Comment traduire ce fantasme? La phrase énoncée serait : Mon coeur appartient au fils que j'ai abandonné. Fantasme d'un fils qui se sacrifierait jusqu'à donner son propre coeur à son père, et justement au père qui l'a abandonné, lui, y a-t-il pire barbarie? Inversion de l'Oedipe : ce n'est plus le fils qui tue le père pour prendre sa place, c'est le père qui tue le fils pour prendre sa place (et la donner à un autre, un autre fils). Sécularisation de la ligature d'Abraham : le père ne se contente pas de sacrifier son fils, il le dépouille du plus précieux, et il ne le fait pas sur l'ordre de dieu, mais pour son propre bien-être. Y a-t-il pire égoïsme? Cet homme d'affaires véreux vit du vol et de la rapine, comment s'en étonner?

En somme, s'il y avait un intrus, ce serait le fils lui-même, dont on se débarrasserait volontiers, qu'on remplacerait avantageusement par un coeur, ce dernier présentant l'avantage au moins mécanique de vous rajeunir, de vous entretenir en tant qu'être vivant, tandis que le fils (votre fils) est le signe de votre inéluctable déclin. N'écoutons pas le message, tuons le messager! Le film pourrait être résumé par la phrase (somme toute assez banale) : Mon fils représente l'intrusion inéluctable de ma propre mort. Sa jeunesse est la promesse de ma propre disparition. Si Louis s'achète une superbe montre, c'est pour mesurer le temps qui le sépare de la fin, et s'il voyage sur tous les continents, c'est qu'il sera bientôt fixé définitivement dans une tombe unique. Dans cette méditation sur la mort, le fils est un rappel du réel en tant qu'impossible à maîtriser. Il y a au moins deux choses que je ne contrôle pas : ma mort et mon fils.

 


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