L'Etat-Nation - ou l'étatique en général - est traditionnellement le lieu privilégié du politique. Avec les nouvelles technologies, ce contexte est radicalement transformé. Toutes les frontières sont brouillées, des plus locales (entre public et privé, entre régions et nations, entre le proche et le lointain, entre le familier et l'étranger) aux plus générales (entre la terre et l'espace, entre le monde humain, le monde animal et l'univers). Le politique ne peut plus être lié à un lieu présupposé, un territoire, ni même à une communauté nationale. Il y a dislocation générale, crise des éléments constitutifs du concept de politique : la souveraineté, le droit d'exception, la représentation. Les actes les plus courants de légalisation, de légitimation, d'habilitation, d'identification, qui reposaient depuis des siècles sur un support papier, sont déstabilisés. Peut-on encore, dans ces conditions, délimiter un contexte historique, un espace-temps? On n'en est plus certain (Papier Machine p264, 266).

De nouvelles figures de la solidarité se cherchent au-delà des instances politiques, à travers l'humanité entière. De nouvelles formes d'alliance, un nouveau style de pratique, en-dehors des programmes et des partis politiques, une nouvelle Internationale entre les hommes, les sans-papiers, voire les animaux, les vivants, les morts, ceux qui sont à naître.

Plus jamais les campagnes électorales ne ressembleront à celle-ci.

La démocratie à venir ne sera plus liée essentiellement à la citoyenneté, mais à une extension des droits humains au-delà de la citoyenneté.