Dans la relation d'objet, c'est l'être connaissant qui aborde le réel, c'est lui qui le rapporte à son horizon. L'âme contemple la vérité comme acte d'un regard. L'être est modelé par l'entendement et par le projet de celui qui connaît. Il est placé dans la lumière d'un autre. Il se fige en forme plastique, adéquate au Même, aliénant son extériorité.

Mais la connaissance vraie, au sens absolu du terme, est une expérience pure de l'autre être. Celui-ci n'est pas réduit à un fait ou à un thème. C'est lui qui se révèle. Il se manifeste sans se dérober ni se trahir, sans être interprété. Il se dit à nous. Telle est l'expérience de la révélation. Elle n'est pas un dévoilement, mais la coïncidence de l'exprimé et de celui qui exprime, manifestation d'un visage qui est expression, qui parle, dans sa présence vivante. Il est discours. En se signifiant, en ayant un sens, il se secourt lui-même, il se présente comme Autre.

L'expérience est le contact d'une réalité qui ne se coule en aucune idée a priori, qui les déborde toutes. C'est pourquoi on peut parler d'infini.