Derrida
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TABLE des MATIERES :

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 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, eschatologie, messianique                     Derrida, eschatologie, messianique
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 30 août 2005 Derrida, l'apocalypse

[Derrida, eschatologie, messianique]

Derrida, l'apocalypse Autres renvois :
   

Derrida, la promesse

   

Derrida, l'hospitalité

   

Derrida, nos tâches

Orlolivre : comment ne pas étudier ? Orlolivre : comment ne pas étudier ?

Derrida, les inconditionnalités

                 
                       

1. Eschatologie et essence de la voix.

La structure formelle du s'entendre parler, que Derrida a décrite dès ses premiers écrits, implique déjà l'eschatologie. Quand on parle, même dans la plus grande solitude, c'est toujours comme si on était deux. S'adressant à lui-même, en lui et en-dehors de lui, un premier homme envoie un message au dernier. Il ne devrait s'attendre à aucune réponse, car dans l'instant où la voix fait retour, le dernier homme est déjà mort. Cette réponse déjà appelée, promise dans la question et avant même la question, il est impossible qu'elle arrive; et pourtant il attend, il ne peut pas ne pas attendre, c'est la logique de l'eschatologie. Il attend le progrès, la fin du monde, la fin de l'histoire, la fin de la lutte des classes, etc. Une certaine surenchère dans l'éloquence eschatologique revient sans cesse dans la culture occidentale. La raison kantienne elle-même hérite de cette structure.

On peut repérer, dans n'importe quel énoncé, une "structure formelle du peut-être", ou "auto-téléiopoèse". Il suffit d'un peut-être pour que soit lancée une flèche vers l'avenir, vers des destinataires supposés présents, d'une présence que l'adresse rend déjà effective, aujourd'hui, même si elle n'est encore qu'une possibilité. L'événement nommé n'est encore que virtuel, mais entendu comme réel, déjà arrivé, il hante effectivement le possible.

Avec la différance, ce mouvement actif, s'instaurent à la fois un désir d'origine (que celle-ci soit dans le passé ou dans l'avenir) et une dislocation de l'origine, un appel eschatologique à l'extrême et un retard insurmontable.

 

2. Messianicité, messianique, messianisme.

Le vocabulaire derridien est parfois instable. Au risque de le figer, on peut distinguer entre :

- le messianisme, qui renvoie à un ou plusieurs contenus historiquement déterminées. Chaque messianisme est porteur d'un récit, d'une doctrine, d'une tradition, etc.

- "Il faut que l'avenir soit absolument, radicalement ouvert", tel serait l'axiome, le principe inconditionnel qui gouverne l'affirmation d'une messianicité première, irréductible, détachée de toute religion, de toute croyance et de tout contenu prédéterminé. L'à-venir, hétérogène à tout ce que nous savons aujourd'hui, n'étant pas connaissable comme tel, la messianicité est une structure formelle, sans contenu, porteuse d'une promesse infinie, intenable. Elle est doublement indéterminée : guidée par aucun savoir, aucune théorie, elle n'entre dans aucun horizon d'attente. C'est une potentialité, une virtualité qu'on ne peut ni déduire de ce qui est actuellement présent, ni anticiper par l'indication d'une route, d'un chemin, d'un lieu ou d'un dehors. Aucune forme n'étant jamais adéquate à cette promesse, son indétermination donne le vertige. Seule une ouverture à-venir, performative, pourrait déterminer la messianicité.

- La messianité sans messianisme est irréductible, elle doit arriver. Sa structure est liée à celle de la croyance en général, en tant qu'elle témoigne d'un rapport à l'autre, d'une confiance que ne garantit aucun savoir. Elle se pose dès l'ouverture à la venue de l'autre, avant toute culture, avant toute religion.

- En tant qu'expérience d'une altérité inanticipable, qui s'accorde à la surprise absolue de l'arrivant, le messianique est incalculable, indéconstructible. Sa structure est travaillée par un drame : dans le temps même où elle fait venir l'arrivant, elle l'éloigne, le renvoie, se retire devant lui. Ce "peut-être" qu'elle appelle et dont elle exige qu'il reste libre, elle le craint, le refoule. Il pourrait être dangereux.

 

3. Préserver les lieux aporétiques.

Alors que la tradition occidentale tend à éluder ou détourner les questions aporétiques, Jacques Derrida les place au coeur de sa pensée : la justice, l'hospitalité, le don, la démocratie, la liberté, le désir, le deuil, etc... A des questions aporétiques, on ne peut répondre que par un appel messianique (ce qui n'empêche pas, en parallèle, les négociations, transactions et compromis politiques). Face aux urgences éthiques et politiques, l'arrivance messianique répond à la cruauté de l'événement, à l'urgence des médias. Elle déchire le temps historique. N'appartenant pas à notre temps, elle est incapable de faire régner le droit. Mais comme concept qui expose à l'autre, comme inconditionnalité, elle ouvre un autre temps, une dissymétrie infinie, extérieure à l'histoire. Dans le champ du politique, elle creuse l'espace d'une démocratie à venir.

L'enjeu du messianique n'est pas la proposition ni la réalisation d'un programme, mais la mise en mouvement des apories, ce qui exige (entre autres) : responsabilité, décision - et oeuvrance.

 

4. Annonce d'un homme autre, d'un autre humanisme.

Dans l'humanisme traditionnel, la dignité de l'homme est fondée sur certains contenus. Même ceux qui veulent le transformer, comme Marx, supposent un contenu. L'autre humanisme dont Derrida avance la possibilité accepte l'indétermination même de l'homme. Réduit à une forme : la promesse d'un autre homme, à venir, il naît dans le désert, avant toute croyance particulière, là où tout crédit se fonde, et conduit à un autre lieu désertique, un lieu de justice, d'ouverture à l'avenir (le messie). Cette promesse est indécidable jusqu'à ce qu'elle advienne (elle ne se répète pas à la manière d'un revenant, elle advient imprévisiblement).

Cette eschatologie n'est pas théologique, mais hantologique - si l'on entend par hantologie une logique de la hantise qui englobe l'ontologie même.

Le Messie derridien est dépouillé de tout. C'est un revenant sans regard, qui arrive sans prévenir, comme la mort.

 

5. Salut au tout-autre.

Il y a dans toute lecture, dans tout acte de traduction, à la fois la promesse d'un autre texte, d'un accroissement des langues et de leur réconciliation. S'il faut traduire, selon le Dieu de Babel, ce n'est pas pour réunir les langues, c'est pour une autre tâche messianique : les accroître.

A l'autre, au visiteur absolument inattendu, je dis "Viens", au risque de perdre ma propre identité. Je ne sais rien de lui, je n'en attends rien. Je me retire devant l'espacement auquel il donne lieu. Je le salue, mais ce salut ne s'adresse pas au prochain, il s'adresse au tout autre, dans une autre langue qui échappe à ma volonté, ma liberté. Il n'est porteur d'aucune vérité, ne déchire aucun voile. Il invite à la diminution, au départ, au retrait, à la relève de l'autre.

 

6. Le mal, le salut et l'Apocalypse.

Où est le danger croît aussi ce qui sauve dit Hölderlin dans l'une des versions de son poème, Patmos, resté inachevé. Jacques Derrida s'appuie sur l'Apocalypse de Jean pour définir une voix oraculaire, porteuse d'un secret mystérieux, sans concept, qui pourrait faire advenir un mal, une apocalypse. Alors que la loi morale ou la raison kantienne s'accorde à la conscience - la condition trancendantale de tout discours, qui est celle de la scène d'écriture en général -, cette voix singulière, privée, lui est étrangère. Plus proche du "gala" hébraïque que de la parole du Christ, elle vient faire effraction dans l'eschatologie. C'est le "Viens" derridien, une apocalypse secrète, au ton unique, au-delà de l'être, qui en appelle à un lieu énigmatique, irréductible à la philosophie, la métaphysique ou l'onto-théologie. Dans cette scène doublement apocalyptique (l'apocalypse de l'apocalypse), où la police des destinations est détraquée, on ne sait plus qui parle ou qui écrit, qui adresse quoi à qui. C'est pourtant en ce lieu que peut se faire entendre la phrase celanienne, Die Welt ist fort, ich muss dich tragen.

 

7. L'impensé du messianique, son secret.

Avec Marx, un messianisme d'un type nouveau arrive dans l'histoire. Il est à la fois indissociable de l'héritage abrahamique qui ouvre l'historicité, et absolument singulier, sans précédent. Porteur d'un nouveau concept de l'homme, de l'économie, de la nation, il constitue en lui-même un événement ineffaçable, un traumatisme, voire plus : "l'événementialité de l'événement comme tel". Malgré l'échec terrifiant des régimes totalitaires, nous héritons de ce projet, de son ouverture sur l'avenir (l'un des traits marquants de la tradition juive), et aussi de son indétermination, son imprécision, son instabilité, son poids d'impensé.

Nous héritons aussi, en tant que lecteurs, des identifications de Jacques Derrida. Après avoir - selon lui et comme Abraham - quitté sa famille dès le jour de sa circoncision (comme si la circoncision était, en tant que telle, porteuse d'une eschatologie), puis réitéré, plus d'une fois, ce départ (vers la France, l'Amérique, la déconstruction, etc.), il s'est successivement identifié au prophète Elie, à Moïse (qui porte à l'autre la Table nouvelle de l'écriture), au dernier eschatologiste et aussi au dernier des Juifs. Il a revendiqué un lien singulier avec cette tradition, y compris, du bord des lèvres, avec la Torah et une Cabale textuelle d'un genre nouveau, athée et disséminatrice, y compris parfois dans sa logique littérale (de Glas à Fors). Mais en définitive, même s'il profère plusieurs fois le nom de Jérusalem, ce lieu irremplaçable de l'élection, on ignore de quel retour revenance, de quelle annonce ou promesse son œuvre est le lieu. Son annonce est celle de la téléiopoèse, la structure messianique comme telle. Il la recherche, comme une cabale cachée, au fond de soi, dans un lieu inconnu, oublié, crypté, illisible, là où le marrane garde son secret.

 

 

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Propositions

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L'arrivance messianique est un concept impossible mais urgent, car il y va de la justice

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Le jour messianique où elle n'appartiendra plus à l'histoire, la justice sera soustraite à la vengeance et au droit

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Il y a deux sortes de justice : celle qui fait droit (calculable); celle qui ouvre la dissymétrie infinie du rapport à l'autre (incalculabilité messianique du don)

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Le messianique, ou messianité sans messianisme, est une structure irréductible, une expérience de la croyance qui fonde tout rapport à l'autre dans le témoignage

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Le messianique, structure universelle de l'expérience, qui noue la promesse de l'arrivant, l'inanticipable de l'avenir et la justice, se distingue de tous les messianismes déterminés

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Là où s'achève un concept de l'homme, l'humanité pure de l'autre homme ou de l'homme autre commence comme loi de la loi - promesse messianique sans contenu

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Une logique téléiopoétique, quasi-messianique, hante tous les énoncés : il suffit qu'un événement soit possible pour que, peut-être, il soit déjà arrivé

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La phrase messianique ou téléiopoétique est travaillée par un drame : dans le temps où elle fait venir (présence), elle éloigne la venue (absence)

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Le messianique en général (sans contenu) est la structure formelle, indéconstructible, de la promesse émancipatoire, qui conditionne un autre concept du politique et de la démocratie

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La voix, qui meurt quand elle s'entend, est eschatologique en elle-même : c'est toujours la première et la dernière voix

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La voix oraculaire, étrangère à la raison et à l'essence de la voix, annonce sur un code privé la venue d'un secret mystérieux, sans concept : un mal, une apocalypse

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La différance, ce désir eschatologique d'originarité, est aussi le mouvement qui disloque et barre l'origine

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Comme la loi morale, la raison pratique, qui commande sans rien échanger, s'accorde à l'essence de la voix

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Il faut penser l'événement à partir du "Viens" qui se dit à l'autre et qui ouvre un espace messianique

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Quand le visiteur arrive (au sens messianique), un autre absolument inattendu m'expose au danger de perdre mon identité

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Une hantologie (logique de la hantise) serait plus ample qu'une ontologie et abriterait en elle l'eschatologie et la téléologie mêmes

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[On ne peut faire le deuil du deuil, en dépasser l'aporie, que par un nom inouï : celui du messie]

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Pour pouvoir m'adresser à l'autre - penseur, messie ou Dieu lui-même -, je dois lui prescrire de rester libre, de pouvoir ne pas répondre à mon appel

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La phrase téléiopoétique ou messianique porte en elle une dénégation structurelle : en appelant le dangereux "peut-être", elle refoule la peur ou la haine qu'elle suscite

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Notre horizon, ici maintenant, est une absence d'horizon : des lieux sans issue ni chemin assuré, sans dehors prévisible, qui conditionnent l'avenir

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Il faut s'attendre au messie comme à l'imminence d'un verdict qui ne dévoile rien qui tienne, ne déchire aucun voile, mais invite à la diminution, au retrait, au départ, à la relève de l'autre

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L'archi-originaire de la religion se tient en un lieu de retrait où tout crédit se fonde : désert dans le désert, origine qui est la duplicité même, entre khôra et messianisme

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La messianicité est l'ouverture structurelle de la parole : dépouillée de tout, elle adresse son salut au tout-autre

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Le "messianique" est doublement indéterminé : (1) aucun savoir, théorie ou épistémé ne le guide (2) comme performatif à venir, il n'entre dans aucun horizon d'attente

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L'archive garde en elle un poids d'impensé qui engage l'histoire du concept, son ouverture à l'avenir, sa promesse messianique

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Avec les écrits apocalyptiques, la vérité de la révélation s'annonce exemplairement comme condition transcendantale de tout discours

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La structure de la scène apocalyptique est aussi celle de la scène d'écriture en général : de renvoi en renvoi, on ne sait plus qui parle ou qui écrit, qui adresse quoi à qui

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Le discours apocalyptique détraque la police des destinations, il défie la recevabilité établie des messages

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Un "Viens" apocalyptique, à partir duquel il y a de l'événement, en appelle à un lieu énigmatique, irréductible à la philosophie, la métaphysique ou l'onto-théologie

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Une apocalypse secrète, au ton unique, une catastrophe venue du dehors (au-delà de l'être) fait effraction dans l'apocalypse : "Viens!"

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Dans sa différance même, sans se laisser arraisonner par aucune onto-théo-eschatologie, "Viens" est apocalyptique, il est en lui-même l'apocalypse de l'apocalypse

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Le messianique sans messianisme (ou messianisme sans contenu) est le concept étrange qui guide la quête d'une démocratie à-venir

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L'extériorité irréductible de l'autre appelle le désir, qui est séparation infinie, rencontre aventureuse hors de soi, eschatologie désespérée

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Marx est l'événement unique d'un messianisme de type nouveau, qui a imprimé sa marque inaugurale dans l'histoire

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On ne peut pas dissocier l'héritage de Marx du messianisme abrahamique

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Le "messianique", c'est laisser venir l'autre, s'exposer à la surprise absolue de sa décision, sans rien en attendre

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Le spectral dans Derrida renvoie à ce qui revient et le messianique à ce qui advient

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Jacques-Elie Derrida est celui qui annonce la téléiopoèse, cette structure messianique

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Il y a dans l'identification au "reste d'Israël" (théologie d'Isaïe) une dimension messianique - qu'assume Jacques Derrida

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Du jour de sa naissance, l'enfant n'appartient plus à sa famille; coupure ou cicatrice, c'est l'eschatologie de la circoncision

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Dès 1963, Derrida se voit comme un nouveau Moïse qui porte à l'autre la Table nouvelle de l'écriture

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"Je suis le dernier des eschatologistes"

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"J'ai fait de l'eschaton le bord des lèvres de ma vérité"

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"Je suis le dernier des Juifs" : le plus indigne par son déracinement, et aussi le plus Juif, car le seul survivant qui puisse sauver la responsabilité devant l'élection

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L'essence minimale du judaïsme, dont la judéité porte peut-être encore la promesse, est l'ouverture de l'avenir

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La révélation abrahamique (Terre promise) n'est pas seulement un événement : elle ouvre et engage l'historicité de l'histoire dans l'horizon messianique

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Lire la Cabale comme dissémination, c'est-à-dire de façon athée, c'est la réduire à sa textualité, en ruiner le centre hégémonique, en subvertir l'autorité comme l'unicité

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[Il faut faire venir le "Viens" qui, dans les discours apocalyptiques, fait écho au "gala" hébraïque]

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On peut nommer "Jérusalem" le lieu irremplaçable de l'élection, mais on ignore de quel retour, revenance, annonce ou promesse c'est le lieu

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Le marrane, ce n'est pas l'exil, c'est la recherche au fond de soi d'un secret eschatologique inconnu, oublié, crypté, d'un messie caché, illisible

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Le tserouf d'Aboulafia (mystique de la permutation des lettres) repose sur une logique messianique de la déconstruction

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