Charles Ramond analyse Glas, ce texte daté de 1974, ce manifeste de la déconstruction en littérature souvent considéré comme illisible. Plus de vingt ans après la publication du livre Saint Genet, comédien et martyr, où Sartre prétend tout expliquer de Genet jusqu'à le faire disparaître, Derrida choisit une posture opposée. Méditer sur le reste, c'est faire échec à l'entreprise de rationalisation. Le "choix existentiel" de Sartre implique une continuité entre la vie et l'oeuvre des auteurs (Genet, Baudelaire, Flaubert ou Sartre lui-même). Au contraire Derrida refuse toute "traduction" entre la vie, l'oeuvre, la philosophie, la psychanalyse, etc... Il joue sur les bords, les discontinuités. Après toute explication, il reste toujours quelque chose qui résiste [les fleurs] : ce reste, ce presque rien, c'est l'être, et aussi le non-être. Il reste toujours des morceaux du textes (inexpliqués), des dépouilles, des éléments humains dans le tombeau du texte, des noms, des liens, des bandes, des traces, des résonances. Sartre aurait voulu arrêter le mouvement du texte de Genet; Derrida s'efforce de le poursuivre, de le faire survivre, au risque de le réécrire lui-même, de le co-signer - autre façon de faire disparaître Genet.

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