Dans la Cabale lourianique, la création du monde se traduit par un ébranlement qui fragmente le monde, en jetant d'un côté les étincelles de lumière (nitsotsot) et de l'autre les déchets ou écorces (qlipot). Certains pensent que ce temps de déplacement, de désarticulation générale, est suivi par un temps de restitution où les choses reviennent à leur place (le tiqoun). R. Nahman de Braslav est sceptique. Il craint que cette réparation ne soit qu'une nouvelle sédimentation : un discours qui masque la continuation de la brisure. Plutôt que d'imaginer rétablir l'équilibre par des réponses ou des institutions, il suggère de prendre acte de la cassure. Mieux vaut la parole brisée de la mahloqet que l'idéologie ou la métaphysique.

Dans un espace vide, que dire de Dieu? Dialoguer, discuter, sans jamais aboutir à une conclusion. L'homme-Adam est un "Quoi?" Son questionnement fait perdre au monde sa certitude. Il l'ouvre au temps, à la possibilité.