Dans la plupart des cultures, la lumière évoque la source, l'origine, le commencement ou dieu lui-même. C'est le cas dans les langues indo-européennes et aussi chez les grands philosophes comme Platon et Heidegger. La lumière, voilée, ne se révèle que par éclaircies, mais quand elle se révèle, elle est associée à la vérité, à l'idéal et à la conscience. La tradition occidentale associe au couple lumière/obscurité ou jour/nuit, d'autres couples du même genre : connu / inconnu, bien / mal, etc.... Le clair-obscur en peinture évoque ces dualités. On peut aussi opposer le cinéma des salles obscures à la clarté de la peinture.
Les impressionnistes n'ont pas fondamentalement rompu avec cette approche. Ils voyaient en la lumière un stimuli, une perception et ont inventé toute une technique pour la représenter. Ils ont curieusement conduit dans l'histoire de l'art à un résultat inverse : la faculté d'abstraction.
A présent les choses bougent. Certaines lumières se soustraient à toute opposition : par exemple celle qui provient des objets, des écrans ou d'un lieu indéfini comme dans la peinture de Rothko. La lumière ne se soumet plus à une dialectique du clair et du sombre, mais entre dans un procès démanation, de brisure, de restance et de restauration.
Il faut apprendre à regarder dans le noir, à compter avec ce qui est à l'abri de la lumière.
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