"L'auto-affection est une structure universelle de l'expérience. Tout vivant est en puissance d'auto-affection. Et seul un être capable de symboliser, c'est-à-dire de s'auto-affecter, peut se laisser affecter par l'autre en général. L'auto-affection est la condition d'une expérience en général. Cette possibilité - autre nom de la "vie" - est une structure générale articulée par l'histoire de la vie et donnant lieu à des opérations complexes et hiérarchisées" (De la grammatologie, p236).

Ce sont des affirmations très fortes : l'auto-affection est une structure, elle est universelle, elle concerne tout vivant (humain ou pas), elle renvoie à l'autre en général, c'est l'autre nom de la vie. C'est elle l'élément commun à l'écriture et à la masturbation, ces deux "suppléments" mentionnés dans la page précédente, qui tous deux ont en commun d'être dangereux et d'être vécus dans la culpabilité. D'où vient ce danger? Pour constituer le même, l'auto-affection le divise. Pour se réapproprier l'autre, il faut qu'elle consacre sa dépossession.

A partir d'une structure "très formelle" (p237), impliquée par toutes les analyses de l'oralité, Jacques Derrida analyse les phénomènes de la voix, de la conscience, et aussi la pensée de la présence et du logocentrisme.