L'Internet en tant qu'objet matériel est fait de machines (ordinateurs personnels ou d'entreprise, routeurs, serveurs), cables terrestres ou sous-marins, satellites, systèmes de connections avec ou sans fil, sources d'énergie, mémoires et autres appareils. Pour faire fonctionner ces équipements, il faut des entreprises, des consultants, des concepteurs, des opérateurs qualifiés, organisés en fonction des buts et moyens qu'ils se sont donnés. A cela s'ajoutent quelques organismes comme par exemple l'ICANN, qui attribue les noms de domaines, et les 13 DNS (Domain Name System, 10 en Amérique du Nord, 2 en Europe, 1 au Japon), qui contiennent la liste des correspondances entre noms de domaines et adresses IP, et qui fonctionnent comme un des coeurs du système. L'ensemble constitue un dispositif. Ce dispositif existe, mais l'Internet ne s'y réduit pas.

La matérialité de ces machines est trompeuse. Elles sont la projection de fonctions et de projets hétéroclites (politiques, économiques, éthiques). Derrière elles, semblent se dissimuler des intentions, des paroles et du discours - quand ce n'est pas de la théologie. Mais ce qui opère en elles est irréductible à toute idée : c'est l'aptitude humaine à la supplémentarité.