Derrida
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                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
L'humain est ce qu'il sera                     L'humain est ce qu'il sera
Sources (*) : Le Contemporain du Quai               Le Contemporain du Quai
Yolande Quicherat - "Gifler le réel", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 19 octobre 2005

 

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[Notre époque est celle où l'on ne sait plus ce que c'est que l'humain]

Autres renvois :
   

Derrida, l'humain, l'humanisme

   
   
                 
                       

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Chaque époque a ses caractéristiques. Et si celle que nous vivons, le Contemporain, se définissait par la renonciation à toute définition claire et univoque de l'humain? Plus rien de ce que les civilisations antérieures avaient accepté et reconnu n'est à l'abri des critiques. Il nous revient de vivre sous la garde de cette injonction paradoxale, ce double bind : organiser les grandes funérailles de l'homme, sans pour autant renoncer à l'humanisme. Comment réaliser un tel exploit?

Au moment où les sciences ont enfin les moyens de répondre à la question Qu'est-ce que l'homme?, elles doivent bien constater qu'on ne peut pas y répondre. Tout indique que l'homme n'a pas de substance, qu'il est fait des mêmes matériaux et du même ordre que toute autre chose de la nature. Nous admettons cela, nous le reconnaissons, mais ce constat ne nous fera pas renoncer à l'impératif kantien : l'homme existe comme fin en soi, pas comme moyen. C'est sa dignité.

Paradoxe : au moment où il devient indéterminé, nous affirmons avec vigueur notre respect du projet humaniste. Mais jusqu'à quand? Jusqu'à quand supporterons-nous cet écart?

Rien n'est jamais acquis. Ephémère, l'homme ne rencontre nulle part ni son être, ni sa vérité. Le noeud où il tente de se situer n'est ni homogène, ni stable. Il rêve d'universel et vit dans le particulier. Plus il ajoute des prothèses, et plus il lui en faut. Plus il invite à la compassion, plus il délègue dans les choses son humanité même.

L'humanisme a été inventé pour pallier à l'absence d'un propre de l'homme. S'il y avait un fondement crédible à l'humain, on serait moins inquiets. Mais notre appartenance à l'espèce n'est jamais garantie. Nous ne savons ni quand elle commence, ni qui nous la confère, ni dans quelle mesure nous en avons été déchus. Les arts contemporains comme le cinéma tentent de nous rassurer sur ce point en répétant : Il y a encore de l'humain. Merci à eux! Mais au fond de nous-mêmes, nous savons que le post-humain a commencé.

 

 

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Propositions

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L'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme un moyen

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La dignité inconditionnelle de l'homme s'élève au-dessus de toute économie, de toute valeur comparée

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Les souliers de Van Gogh, abandonnés, témoignent de la dignité de l'humain

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L'humain est l'être qui ne prend pas pour acquise sa propre essence

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Depuis que l'humanité a les moyens pratiques de répondre à la question "Qu'est-ce que l'homme?", elle préfère laisser indéterminé le projet humaniste

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Il n'y a rien dans la société ni dans l'existence qui ait valeur proprement humaine, sinon le dévouement totalement désintéressé, la compassion absolue

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Le nom humaniste de l'homme dans la pensée classique est celui de cet être qui a rêvé la présence pleine, le fondement rassurant, la fin du jeu

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La voix est la prothèse humanisante, la prothèse des prothèses

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L'homme est un Golem : sa vie alterne entre une existence corporelle, inerte, et le mouvement dynamique d'un projet porté par le langage et les lettres du Nom

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[Lacan : l'ordre symbolique n'est pas constitué par l'homme, mais le constitue]

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L'homme, définitivement déchu de son statut originaire d'être à l'image de dieu, ne peut le reconquérir que par l'art

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[Maxime du post-humanisme : "Il faut préparer l'homme à accueillir l'inédit qui fera de lui un autre homme"]

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L'être de l'homme est : être dans le particulier

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Le respect est le sentiment d'impuissance que nous ressentons en tant qu'humains à l'égard de notre propre destination : atteindre une idée qui pour nous-mêmes est une loi

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L'ultime sentiment qui reste au déporté est la revendication d'appartenance à l'espèce

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Le cinéma est une recherche de l'homme : il fait prendre conscience de la condition humaine, qu'il saisit au présent

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[Kant : l'humain, l'humanisme]

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Marx prend peur devant le caractère spectral de l'humain, il renonce à faire son deuil du propre de l'homme

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A partir du moment où il parle, l'homme n'est plus appelé ADAM, mais YCH

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L'homme est le plus inquiétant de tous les fantômes

 


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