Depuis Goya, l'artCri s'est répandu comme une traînée de poudre. S'il y a de l'universel dans l'art contemporain, c'est peut-être là qu'il se situe. Pourquoi le cri est-il devenu l'une des figures les plus fréquemment représentées dans l'art, l'objet le plus présent? Il y a une part de mimétisme dans cette mode : on suppose qu'il y a du cri dans le monde. L'image reflète un vécu ou un sentiment associé à ce cri : désespoir, angoisse, perte, frustration, souffrance, attente.
Souvent ce n'est pas le cri lui-même qui est représenté, mais ce qui, comme chez Soutine, le remplace (et qui relève aussi de l'invocation).
Tout cri est primordial, et toute image de cri un commencement. Nous le vivons dans la solitude, sans connaître la suite.
Le cri suppose quelque chose d'insoutenable ou d'interdit, dont nous portons le poids et que nous cherchons à expulser. On est surpris de l'entendre; il choque (de moins en moins à cause de l'accoutumance). Il fait symptôme. Quand il est collectif ou politique, il rassure.
Quand il y a vocalisation, les peintres utilisent des lettres spéciales, généralement grosses et sombres. Il y a tout un code (ou des codes) autour de ça, comme il y a un code (ou des codes) de la lamentation.
Représenter le pathos implique un certain jeu avec l'esthétique. Dans la peinture classique, le cri ne pouvait être que dissimulé ou monstrueux.
La réprésentation du cri peut être courante, comme chez Paul Rebeyrolle, ou généralisée sous divers déguisements comme chez Francis Bacon ou Edvard Munch. Elle peut prendre la forme d'une figuration ou d'une abstraction. Elle peut ressembler à une onde ou à un trou, comme chez Karel Appel. Elle peut en appeler à la sensation, à l'émotion, ou à l'angoisse. Ce qui vient à la place est parfois inattendu : l'artGramme.
Autour de l’artCri, on peut recenser d’autres poussées de l’art qui s’y joignent.
- l’artDiscord (défaillance du sujet).
- l'artSansvoix.
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