Y a-t-il un sujet de l'Internet? Oui, dans l'instant et dans l'acte même de la connexion, quand nous renonçons à tout ce qui fait notre vie usuelle pour nous raccorder à la toile. Il n'y a plus ni père, ni mère, ni frère, ni soeur, ni cousin, ni d'autres amis que ceux des réseaux. Je suis là, pris dans un discours qui n'est pas celui de la vie courante. Mon état-civil habituel a été remplacé par un autre, plastique, dont les règles du jeu sont opaques, même pour moi (surtout pour moi). J'ai une identité - appelons-là réticulaire, j'ai la parole, mais restreinte à certaines opérations sur lesquelles je n'ai qu'un contrôle très relatif. On a inventé des mots pour cela : netizen, e-citoyen, etc..., mais ils restent rattachés à une vieille conception du monde qui remonte aux Grecs. Avec les réseaux et les biotechnologies, il faudrait inventer d'autres mots.
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