Les initiales des quatre niveaux, P - R - D - S, forment le mot Pardès qui veut dire paradis. S'ils se disent dans cet ordre, c'est aussi parce qu'ils marquent une certaine progression.

- P = Pchat. C'est le niveau des propositions simples, qui ne renvoient qu'à elles-mêmes. Leur sens est direct, concret, littéral - voire superficiel. Là s'expriment la norme, la règle impersonnelle, la répétition, la halakha. Mais il faut se méfier des jugements hâtifs car cette première source d'inspiration est une matière première qui peut être travaillée.

- R = Remez. Ce niveau est allusif. On y trouve des indications, des signes, des allégories, des repères, des clins d'oeil. C'est une crypte : un espace nommé mais pas qualifié. La parole y est détournée. Elle peut se dire comme mystère, ésotérisme, organisation des sefirot : on la réserve à qui est capable de la recevoir.

- D = Drakh. Ce niveau est explicatif, mais c'est aussi celui de l'anecdote, de l'analogie, celui de la moralité, de l'homélie, de l'éloquence persuasive ou de chaire. On sollicite le sens, on scrute le texte au niveau du symbole et de la construction parabolique. L'oeuvre y devient une construction originale, un midrach, une poésie. Soutenu parfois par une voix divine, on y rencontre une orientation, un savoir, on y dirige son désir, son imagination.

- S = Sod. C'est le niveau du secret, du sens caché, du profond. Son sens est double. D'une part, c'est celui de la loi, de la création, de la vérité. D'autre part il n'exprime rien, aucune signification, aucun langage. C'est l'énigme du silence. On brûle d'en recevoir la confidence, qu'elle soit entendue ou comprise, là où le texte se présentera enfin nu - s'il se présente.

Ces quatre figures sont sous-jacentes à toutes sortes de récits et de raisonnements. L'un des récits les plus connus est l'histoire des quatre rabbins entrés au paradis.

On retrouve le même modèle de foisonnement dans la théologie et chez plus d'un philosophe, comme Jacques Derrida, où il est sous-jacent à la théorie de la dissémination - et peut-être aussi au privilège donné au chiffre quatre, qui correspond en guematria à la lettre daleth.

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Propositions

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