L'oreille est un organe dans lequel on trouve une partie abritée, le tympan (surface unique) et le conduit vestibulaire (système labyrinthique). Construite autour d'un barrage (pXI), tournant autour de sa paroi interne, fermée d'un côté (du côté intérieur, celui de la terre) et ouverte de l'autre (du côté extérieur, celui de la mer). Entre le dedans et le dehors se trouve le tympan. Toile tendue, il reçoit les coups et amortit les impressions. L'oreille moyenne équilibre les pressions (pIII) et décode les percussions hétérogènes pour qu'elles résonnent à l'intérieur de manière familière. Pour qu'une altérité se fasse entendre, il faut crever le tympan, casser les oreilles (comme le dit Nietzsche) (pIV).

Comment l'oreille peut-elle être le lieu d'une fêlure (pXII)? Elle l'est, car par elle passe l'entendre-parler de la voix, le rapport à soi (pXXII) (source de la différance). Le tympan se prête à un certain type de déformation, car il est oblique. C'est la voie de la dissémination. Mais l'oreille est aussi un organe distinct, différencié, un organe structuré qui suture : dans son labyrinthe, le phonème s'écrit (pXIII). La vibration sonore est organisatrice et idéalisante. Elle rapproche, et le sens de l'être se donne dans cette proximité en hiérarchisant et en enveloppant (deux types de maîtrise qu'on retrouve dans la philosophie).

Grâce (entre autres) à l'oblicité du tympan, l'oreille n'est pas un pur système symétrique, elle résiste, elle est circoncisable - quoique non fermable, comme Derrida le note lui-même à propos de Jean-Jacques Rousseau.