- Bibliographie d'Emmanuel Lévinas (parcours dans ses livres).
- Vocabulaire d'Emmanuel Lévinas (parcours dans ses mots).
Qui était Lévinas? Quel genre de penseur, de philosophe? Souvent, on lui accole l'étiquette "juif". Etait-il un penseur juif? Un philosophe juif? Un talmudiste? Oui, sans doute, il l'était, mais cela, ce n'est que la description, la surface des choses. Ces textes qu'il a signés ne sont pas classables, pas localisables. Ils ne ressemblent à rien d'autre qui ait déjà été entendu. Sans doute n'est-il pas exagéré de dire qu'ils sont inouïs. Qu'il parle du désir, du visage, de l'éthique, de l'infini, de la jouissance ou de l'érotisme, sa parole est toujours autre, aussi autre que le tout autre auquel il se réfère parfois. Quoiqu'il écrive, il nous oblige à nous interroger sur ce qui, avant même tout choix, toute décision, s'impose à nous sans réserve, inconditionnellement.
Il y a de l'eschatologie chez lui, mais ce mot a un sens différent de celui qu'il a chez tout autre auteur. Alors laissons tomber ces catégories, et disons qu'il était un penseur singulier, un penseur autre.
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Propositions (les têtes de parcours sont entre crochets)
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- [L'œuvre d'Emmanuel Lévinas "aura obligé" Jacques Derrida à mettre en oeuvre, par son Oeuvre, l'inconditionnalité comme telle]
- [Le désir de Lévinas est métaphysique, il aspire à l'altérité, à l'absolument autre]
- [Lévinas, l'éthique]
- [Emmanuel Lévinas nomme "visage" la vulnérabilité et la nudité d'un tout autre qui m'excède infiniment]
- [L'"à-Dieu de Lévinas" : saluer, sans théologie, le tout-autre, l'infini, le séparé, l'absolument extérieur]
- [Le vocabulaire lévinassien de la gratuité, du désintéressement, de la passivité ou de la paix renvoie à l'idée, inassumable et inconditionnelle, du retrait]
- [Le langage instaure la différence absolue dans la relation avec l'autre]
- [Lévinas, l'autre, l'altérité]
- [Être conscient, c'est avoir du temps : se rapporter à l'être comme à l'être à venir]
- [La justice, qui est droiture de l'accueil fait au visage, consiste à reconnaître le privilège d'autrui, sa maîtrise]
- [Un être ne peut être engagé dans la parole que s'il est à la fois dans l'être et débordant l'être]
- [La caresse, sensibilité qui transcende le sensible, consiste à ne se saisir de rien, à solliciter ce qui se dérobe comme s'il n'était pas encore]
- [La multiplicité tient au surplus de la relation à l'autre, qui rend impossible de confondre en un tout le moi et le non-moi]
- [La subjectivité se produit comme séparation : partir de soi, c'est ouvrir la dimension de l'intériorité]
- [La fécondité est une relation avec un avenir, qu'on ne peut réduire à un pouvoir sur des possibles]
- [La raison et la liberté ont leur fondement dans des structures antérieures au logos : le respect, la justice - structures qui les justifient et les mettent en question]
- [Lévinas, l'Oeuvre, l'oeuvre d'art]
- [Le savoir ne devient savoir que s'il est critique : son privilège est de se mettre en question en accueillant autrui, au-delà de son origine]
- [Chez Lévinas, le principe de l'oeuvre se donne comme liturgie de l'autre]
- [L'essence de la jouissance est la transmutation de l'autre en Même]
- [Il faut prendre en considération le "care" en préservant l'étrangeté de l'autre, par-delà ce qui peut satisfaire ses besoins]
- [L'élémental est le milieu impersonnel, non-possédable, qui n'est pas fixé comme un objet, et auquel retournent les choses dans la jouissance]
- [Heidegger subordonne la relation avec un étant (éthique) à la relation avec l'être de l'étant (impersonnelle)]
- [Le concept de totalité, qui domine la philosophie occidentale, se montre dans la guerre]
- [L'intentionalité de Husserl ruine la représentation]
- [L'existence humaine jette le Dasein dans le monde (déréliction), le fait chuter (Verfall) au-delà de lui dans un projet (Entwurf)]
- [L'ordre du désir s'affirme à travers la création ex nihilo]
- [Abraham, dont la tente était ouverte aux quatre vents, assume une responsabilité infinie à l'égard d'autrui]
- [L'érotique est l'équivoque par excellence]
- La main n'est pas organe des sens, mais maîtrise, domination, disposition; elle garde, met en réserve, possède et situe l'objet dans la maison comme avoir
- L'accueil du visage est un rapport avec l'autre que je ne saurais contenir
- Le psychisme est la possibilité de l'athéisme : cette séparation si complète que l'être se maintient tout seul, chez lui, sans être cause de soi
- L'infini dans le fini se produit comme désir
- Le désir est l'aspiration de celui qui ne manque de rien, tandis que le besoin atteste le vide et le manque dans le besogneux
- L'essence éthique du langage, c'est qu'antérieurement à tout dévoilement de l'être, l'expression et la responsabilité sont liés
- Le droit d'autrui est infini
- Le visage est le corrélatif de ce qui est antérieur à toute question : le désir
- Le visage signifie l'antériorité de l'étant sur l'être, dans l'immédiateté du face à face
- La métaphysique de Lévinas est une aspiration à une extériorité radicale dans laquelle la vérité, c'est laisser être, avec respect, cette extériorité
- Jouir sans utilité, en pure perte, gratuitement, sans renvoyer à rien d'autre, en pure dépense - voilà l'humain
- L'épiphanie du visage est une mutation par laquelle le visage s'exprime, résiste aux pouvoirs, perce sa forme sensible et instaure l'éthique
- La voix enseignante, hauteur dans le visage du maître, produit l'extériorité, la dimension de l'infini où la relation pacifique du langage se déploie et se met en commun
- L'oeuvre d'E.L. aura donné à penser une Oeuvre qui, avant même ce qu'elle en aura dit, aura obligé à une dislocation absolue de tout contrat, endettement ou circularité
- La vie est amour de la vie : rapport avec des contenus qui ne sont pas mon être, mais plus chers que mon être
- Le désir de l'autre (ou désir d'autrui) naît dans un être par-delà tout ce qui peut lui manquer ou le satisfaire
- La paix n'est ni la fin des combats, ni la cohérence des éléments disjoints, mais l'unité de la pluralité
- Le moi est solitude par excellence, ipséité irréductible à un genre; en lui, par l'exigence de bonheur, s'accomplit concrètement la rupture de la totalité
- Il est impossible de se faire une idée de la totalité humaine, car les hommes ont une vie intérieure, secrète, qui interrompt la continuité du temps historique
- La liberté se grave sur les tables où s'inscrivent les lois : elle n'existe que par les institutions, elle tient à un texte écrit, jamais apolitique
- Dans la proposition se manifeste le caractère enseignant de toute parole : elle promet une réponse à celui qui se dirige vers autrui
- Il ne peut y avoir représentation qu'à partir du langage, qui est la mise en question de moi, coextensive de la manifestation d'Autrui dans le visage
- L'extériorité irréductible de l'autre appelle le désir, qui est séparation infinie, rencontre aventureuse hors de soi, eschatologie désespérée
- Les besoins matériels de mon prochain sont des besoins spirituels pour moi
- Le mot "métaphysique" évoque les relations avec l'être en soi, par opposition à la connaissance subjective des phénomènes
- La séparation entre le Même et l'Autre n'est pas une chute ni une déchéance, elle est demandée par l'idée de l'infini
- Le psychisme est l'événement d'une séparation radicale dans l'être : la révolution induite par la pensée en tant qu'elle résiste à la totalité
- La représentation ne repose pas sur la clarté de la pensée, mais sur une jouissance qui affirme son extériorité, sur une "nourriture" dont vit le corps nu et indigent
- L'essence du beau est indifférence, froide splendeur et silence
- Le travail qui possède et saisit suspend l'indépendance de l'élément; en arrachant la matière à l'anonymat et à l'imprévisible, il se réserve l'avenir
- La mort vient d'un instant ou d'une altérité sur lesquels je ne peux, sous aucune forme, exercer mon pouvoir
- L'élément impersonnel, qui provient de nulle part, se prolonge dans le mythe
- Dans le langage comme présence du visage, le tiers me commande comme un maître : toute l'humanité me regarde et crie justice, me rappelle à mes obligations et me juge
- La justice me somme d'aller au-delà de la ligne droite de la loi, dans la terre de la bonté, là où la responsabilité déborde, dans un incessant effort du moi pour se vider
- La pensée de Lévinas nous fait rêver d'une dépossession inouïe : disloquer le logos grec et libérer la métaphysique en faisant appel à l'éthique
- La religion est le lien qui, dans la métaphysique, s'établit entre le Même et l'Autre, sans aboutir à aucune communauté de concept ni constituer une totalité
- Le corps est ambigu : d'une part "être corps" c'est se tenir (être maître de soi), d'autre part c'est être encombré de son corps (être dans l'autre)
- Par attraction de l'infinie hauteur de l'être, le désir a la rigueur de l'exigence morale
- Le bonheur est l'accomplissement de ce qui, dans la vie, vient en plus de la vie, comme ce qui arrive toujours pour la première fois
- Le monothéisme biblique apporte l'idée de création ex nihilo, dans laquelle l'être créé n'est pas simplement issu du père, il lui est absolument autre
- La conscience comme intentionalité sensible est au sens fort un acte, une transitivité libérée de la pensée objectivante
- Le rapport de vérité repose sur le langage et non pas sur la relation d'objet, car dans le langage les termes sont désintéressés - ils s'"absolvent" de la relation
- Pour que la vision fasse apparaître l'objet, il faut que la lumière vide l'espace et que l'horreur de ce vide impersonnel soit oubliée
- La philosophie de Heidegger témoigne d'une époque qui subordonne la vérité ontique, celle qui se dirige vers l'autre, à la question ontologique qui se pose au sein du Même
- La résistance éthique ouvre la dimension même de l'infini; son commandement est : "Tu ne tueras point"
- Le visage parle, il fait sens, il est déjà discours, il manifeste la présence de l'extériorité
- Dans l'idée de l'infini se pense ce qui reste toujours extérieur à la pensée
- La guerre est l'épreuve du réel; elle se produit comme l'expérience pure de l'être pur, qui révèle l'être à la pensée philosophique
- L'apparition est une forme figée, plastique, dont quelqu'un s'est déjà retiré, tandis que le langage la surmonte en accomplissant l'afflux ininterrompu d'une présence
- L'Autre se présente comme visage, dépassant l'idée de l'Autre en moi
- Le visage ne resplendit pas comme une forme revêtant un contenu (une image), mais comme la production du sens, la nudité du principe, derrière laquelle il n'y a plus rien
- Tout objet, y compris les instruments et les notions abstraites, se propose à la jouissance
- L'idée de l'infini se révèle dans le visage
- L'oeuvre a un statut ambigu : par elle, la volonté s'expose à autrui; mais par elle, la volonté est désaisie et se voit réduite anonymement à une chose
- On approche le désirable par une pensée qui à tout instant pense plus qu'elle ne pense
- Le langage est un rapport du Même et de l'Autre où l'autre n'est pas en mon pouvoir, mais absolument autre
- Pour accueillir la révélation d'un infini épuré de tout mythe, il faut un interlocuteur, un être séparé c'est-à-dire athée
- L'angoisse saisit l'homme pour lui rendre accessible l'insignifiance ou le néant de tous les objets intramondains
- Pour dire l'altérité absolument irréductible de l'autre, il faudrait s'interroger sur ce que signifie "autre" avant les déterminations de l'heteros grec et de l'autrui judéo-chrétien
- L'artiste invertit la beauté féminine en la matière froide de l'image - grâce sans profondeur, souveraine présence réduite à elle-même
- Pour contempler un monde, le sujet, retiré des éléments et de la jouissance immédiate, doit d'abord se recueillir dans l'intimité de la maison
- L'existence du Dasein consiste à exister en vue de soi-même
- Le désir est un mouvement sans terme, sans cesse relancé, vers un futur jamais assez futur
- L'essentiel du langage est la coïncidence du révélateur et du révélé dans le visage d'autrui : je l'interpelle, il confirme son extériorité en m'enseignant
- Toutes les structures s'appuient sur le primat de l'éthique, qui est la relation d'homme à homme, irréductible à toute autre
- L'étrangeté d'Autrui s'accomplit comme éthique
- Selon Heidegger, l'homme (Dasein) existe de telle manière qu'il y va toujours pour lui de sa propre existence
- L'idolâtrie du fait est une invocation de ce qui ne parle pas
- Ce n'est pas le concept "homme" qui est à la base de l'humanisme : c'est autrui
- L'objectivité de l'être se pose dans un discours, dans une proposition qui s'entre-tient entre deux points qui ne font ni système, ni totalité, ni cosmos
- Seule l'eschatologie de la paix messianique peut se superposer à l'ontologie de la guerre
- Il n'y a multiplicité véritable que si le rapport de moi à l'autre ne se laisse pas englober dans un réseau de relations visibles à un tiers
- L'expérience de la vérité n'est pas celle d'un dévoilement, mais celle d'une révélation de ce qui s'exprime : le visage, l'autre autonome
- La représentation, déterminée par le Même à l'intérieur de la pensée, ramène toute réalité à l'instantanéité d'un présent
- La sensibilité n'appartient pas à l'ordre de la pensée, mais à la jouissance de l'élément
- Le souci angoissé comme rapport à sa propre possibilité d'exister conditionne l'être-dans-le-monde authentique du Dasein
- Le Moi est l'identité par excellence, l'être dont l'exister consiste à s'identifier, à retrouver son identité à travers tout ce qui lui arrive
- En se dressant du bas vers le haut, le corps s'ouvre au désir, il est moi tout en vivant dans l'autre
- Le désir métaphysique ne repose sur aucune parenté préalable, mais sur une générosité et une bonté qui ne pensent ni n'anticipent le désirable
- La nudité du visage est dénuement, misère; c'est le dépaysement d'un être qui vit sa condition d'étranger, de dépouillé et de prolétaire
- L'accueil du visage se produit originellement dans la douceur du visage féminin, grâce auquel l'être séparé habite en sa demeure
- La forme plastique, inexpressive, atteste l'auteur de l'oeuvre en l'absence de l'auteur, comme ces "oeuvres complètes" qui sont l'héritage d'une volonté morte
- Le dynamisme du désir renvoie à l'"à-Dieu", pensée désintéressée, gratuite, qui pense plus qu'elle ne pense, idée de l'infini plus ancienne que la pensée du fini
- L'amour, qui suppose et transcende l'épiphanie d'Autrui dans le visage, va plus loin et moins loin que le langage
- Le chez-soi n'est ni nature, ni racine, mais réponse à une errance qu'il arrête
- La paternité qui engendre l'enfant est une identification de soi, mais aussi une distinction - structure impossible en logique
- La responsabilité (éthique) qui répond (à) / de l'autre comme un passé qui n'aura jamais été présent, c'est l'essence du langage
- Entre éthique et politique, nous parlons depuis un silence qui nous expose à la non-réponse de l'autre : césure intime, contradiction interne au Dire, ContraDiction
- Si les oeuvres, livrées au champ anonyme de la vie économique, ne signifient pas par le langage et la parole, elles demeurent dans le Même
- Le féminin est le recommencement incessant de la virginité, violable et inviolable, intouchable dans le contact même de la volupté
- Ma responsabilité en face d'un visage me regardant comme absolument étranger constitue le fait originel de la fraternité
- En moi, l'idée de l'infini, inassumable, inenglobable, ne peut être que passivité de la conscience, plus passive que la passivité
- L'intentionalité nous apprend sur l'être plus que la pensée entrant dans l'intention : elle la dépasse, voire la transcende
- La justice commence avec un parjure : en engageant, avant tout contrat, l'éthique infinie de ma responsabilité pour l'autre, je fais surgir le tiers qui la trahit par le droit
- Voir, c'est toujours voir à l'horizon en rapportant des objets à d'autres objets, ce n'est jamais un rapport face à face
- Le don de Lévinas au lecteur, c'est la possibilité d'être livré à une responsabilité sans limite, de s'obliger librement à la dislocation du même
- L'Oeuvre de Lévinas, signée "Il", est dictée en secret par un surcroît d'altérité non dite : l'hétéronomie absolue du "Elle" qu'on retrouve dans son nom, "E.L."
- L'oeuvre d'Emmanuel Lévinas, par sa gratuité, au-delà même de la pensée et du pensable, c'est l'éthique même
- Par son écriture, par une certaine manière de lier, serrer, entrelacer dans une série le Dire et le Dit, Emmanuel Lévinas invente le tout autre
- L'oeuvre de Lévinas, qui aura obligé à une autre pensée du nom, aura été signée par un "Il" disloqué, sans nom, qui soussigne toute oeuvre et met en oeuvre tout ouvrage
- Comme la psychanalyse freudienne, la signature de Lévinas assume la marque sexuelle (masculine), et abandonne la différence sexuelle à un tout autre déjà marqué de masculinité
- Par son écriture, son geste stylistique, ses métaphores, ses retours et mouvements insistants, le texte de Lévinas n'est pas un traité : c'est une oeuvre
- Il faudrait pour l'oeuvre d'Emmanuel Lévinas définir un performatif sans événement présent, comme on n'en a jamais décrit, mais que toute proposition présuppose
- Pour répondre de l'oeuvre d'E.L., il aura fallu passer par ce qu'elle dit de l'Oeuvre : qu'elle ne lui revient pas mais qu'elle est une performance du tout autre, qui nous contamine
- Emmanuel Lévinas (E.L.) ne fait pas oeuvre, il laisse oeuvrer l'oeuvre, il la laisse faire oeuvre par la "sériature", cette série de ratures ou retraits qui inscrit la trace de l'effacement
- En disant de l'oeuvre de Lévinas : "Elle aura obligé", Jacques Derrida ne distingue plus sa voix ni de la sienne (E.L.) ni du tout-autre, féminin, qui la contresigne
- La liberté contractuelle a des limites antérieures au contrat lui-même
- Le désir métaphysique tend vers tout autre chose, vers l'absolument autre
- Le meurtre seul prétend à la négation totale du visage - Autrui est le seul être que je puisse vouloir tuer
- "L'Oeuvre pensée radicalement est un mouvement du Même vers l'Autre qui ne retourne jamais au Même"; c'est une liturgie non religieuse, "l'éthique même"
- Jacques Derrida met en oeuvre tout autrement le concept d'oeuvre, tout comme ceux d'auteur, de signature, de genre, d'adresse, etc.
- Une oeuvre, il ne faut rien lui rendre, il faut la lire sans dette, sans faute, au-delà de toute restitution possible, dans l'ingratitude absolue
- Ce qui, dans l'oeuvre de Lévinas, fait son oeuvre, plus vieux que l'oeuvre, ne peut pas se dire avant elle
- Il n'y a pas de "premier" oui, le oui est déjà une réponse, un appel qui ne peut s'entendre lui-même que depuis la promesse d'une réponse
- L'introduction du nouveau dans une pensée, l'idée de l'infini - voilà l'oeuvre même de la raison
- La loi de l'hospitalité exige que, avant le chez-soi, il y ait un lieu ouvert : le chez-soi sans chez-soi
- Une responsabilité antérieure à tout engagement, qui nous oblige à l'égard des autres, est probablement l'essence du langage
- La sériature derridienne, définie à partir de la pensée de la trace chez Lévinas, renvoie au re-trait ab-solu du nom révélé de Dieu
- Par la sexualité, le sujet entre en rapport avec l'absolument autre
- Il est impossible de fuir la souffrance : elle accule au présent, elle est l'épreuve suprême de la liberté et de la volonté, à la limite de leur abdication
- C'est en laissant faire la stricture que l'écriture de Levinas aura fait son oeuvre : une obligation qui oblige
- Il faut l'hospitalité au pire, qui à la fois appelle et exclut le tiers, pour laisser venir la justice, accueillir l'autre et se protéger contre la violence de l'éthique
- La proto-impression seule est pure de toute idéalité; elle est création originelle, passage du néant à l'être, conscience interne et essence de toute pensée
- L'altérité pure et nue du visage lévinassien, dépouillée de toute visibilité, qualité, prédicat ou propriété effective, c'est une définition spectrale du tout autre
- Selon Heidegger, l'essence de l'homme (ou Dasein), qui est en même temps son existence, est le dévoilement de l'être
- La notion de compréhension (Verstehen) est le pivot de toute la philosophie de Heidegger
- L'infini est l'absolument autre, et le moi qui le pense pense plus qu'il ne pense
- Ce qui aura fait oeuvre dans l'oeuvre d'Emmanuel Lévinas, c'est qu'"Il aura obligé" à penser une autre manière de penser l'obligation du "Il faut", une autre manière de penser l'oeuvre
- Profaner, c'est révéler le caché en tant que caché, ce que découvrent la volupté et la nudité érotique
- Toute oeuvre d'art fige l'instant en un destin que plus aucun élan vital ne peut animer
- La philosophie heideggerienne marque l'apogée d'une pensée où le fini ne se réfère pas à l'infini, mais au Neutre : l'Être païen anonyme, éthiquement indifférent
- Derrida / Levinas / Jabès / Kafka se situent dans le même horizon juif de sainteté : réparer l'oubli de la lettre
- Lévinas prolonge Husserl par la notion d'une extériorité qui échapperait à toute objectivité
- Chez Lévinas, un "dire à Autrui" précède toute ontologie
- La phénoménologie, dans son ouverture, peut se pratiquer comme méthode, comme la physique après Galilée, la dialectique après Hegel ou la psychanalyse après Freud
- Le temps et la conscience du temps surgissent de deux intentionalités : rétention et protention de l'impression originelle
- Le prophète Elie est le précurseur du messie
- "Si vous écoutez sa voix, le messie viendra aujourd'hui même"
- Tout homme qui assume ses devoirs à l'égard d'autrui est descendant d'Abraham
- Dans la tradition talmudique, il n'y a pas de mot pour Dieu : le mot désignant la divinité est "Nom"; et de ses noms, déjà, elle se retire
- Quelle qu'en soit la signification ultime, "nue", Dieu apparaît à la conscience humaine habillé de valeurs
- Le judaïsme n'est pas une religion, il est une compréhension de l'être
- Dans la tradition juive, l'"élection" est une techouva inconditionnelle : "Je déclare devoir faire l'impossible pour une responsabilité sans fin"
- Être devant Dieu, dans une solitude rigoureuse, pour faire retour à soi (techouva) par une réparation de soi par soi, c'est une oeuvre qui équivaut au pardon inconditionnel de Dieu
- Méditations érotiques, Essai sur Emmanuel Levinas (Marc-Alain Ouaknin, 1992) [ME]
- (Quelques parcours dans la langue d'Emmanuel Lévinas et ses parages) (LMDEL)
- Bibliographie d'Emmanuel Lévinas (1906-1995)
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