On a l'habitude de parler d'humanisme au singulier, alors qu'il n'y en a pas qu'un seul. Citons (au minimum) : celui des Romains, celui des Lumières, ceux des autres cultures ou religions, ceux qui sont à venir, ceux qui n'ont jamais existé, ceux qui sont en crise, finale ou non.
Tout humanisme renvoie à la question : Qu'est-ce que l'homme? et à celles qui lui sont associées dans une culture donnée. Par exemple, dans notre culture : Qu'est-ce que le moi? Qu'est-ce que l'être? [Réponse : c'est l'homme et sa vérité], etc...
Le problème est que l'homme n'est plus qu'un fantôme. D'innombrables inventions que l'on croyait humanistes ont conduit à cette conséquence inéluctable. Par exemple : la perspective en art (science géométrique), la psychanalyse, etc.... L'idéal de la connaissance de soi s'est effondré avec les lieux où elle pouvait s'épanouir, écoles et salons. La place du progrès, comme celle de dieu, s'est évidée.
Le mot humanisme présente l'avantage d'effacer - voire de subsumer - les antinomes (y compris celles relevées par Kant). C'est pourquoi on ne l'utilise aujourd'hui qu'avec parcimonie, en le déplaçant et en le transformant. Exemple : soutenir que la base de l'humanisme n'est pas l'homme, mais l'autre, que son fondement n'est pas la science, mais l'éthique.
Mais l'humanisme résiste. Il est au coeur de nos pratiques les plus courantes, comme la photographie. Nous ne savons plus ce qu'est un homme, mais nous nous efforçons d'en être un.
L'idée d'un humanisme au-delà de l'homme semble contradictoire. C'est pourtant cela qu'on est obligé de penser, sous le nom de post-humanisme ou sous n'importe quel autre nom.
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